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Association Amicale des Anciens d'Alcatel Space
CHRONIQUES D'UN MÉTIER de 1963 à 1993
Table | Préf | Intro | 1 | 2 | 3 | 4 | 5 | 6 | 7 | 8 | 9

6 - Les programmes de satellites

6.2 - Les satellites de télécommunication

Inmarsat 3


Inmarsat est une organisation internationale créée en 1976 par une convention regroupant cinquante-sept pays membres. Elle exploite un système de satellites de télécommunications avec des mobiles maritimes, terrestres et aériens qui est la référence mondiale dans ce domaine.

Au premier semestre 1990, Inmarsat émet un appel d'offres pour trois à neuf satellites au sol, avec option de livraison en orbite. Une telle affaire apporterait à ATES une charge de travail de l'ordre de mille hommes/an jusqu'en 1995, prenant ainsi le relais du programme Telecom 2-SYRACUSE 2 qui doit se terminer fin 1991 pour l'essentiel. Par ailleurs, elle apporterait à ATES une première expérience de maître d'oeuvre d'un consortium international (avec Ford, Mitsubishi, Aérospatiale…).

C'est dire si la réponse à cet appel d'offres est prise avec sérieux à tous les niveaux de la société. Aussi, sous le pilotage d'Alain Roger et de son équipe emmenée par Francis Fraikin et Jean-François Gambart, un véritable raz-de-marée déferle sur l'entreprise. Mais face à elle se trouvent des concurrents redoutables : GE Astro/Marconi, Hughes et BAE/MATRA.

Un premier rapport d'évaluation place ATES en tête au plan technique, GE Astro en numéro un au plan du management. Quant au prix (à fournir dans un second temps), c'est la grande inconnue. Plusieurs comparaisons ont été effectuées sur la base des derniers programmes internationaux dont le prix a paru dans la presse spécialisée ; ces premiers éléments montrent qu'ATES est «hors des clous». Mais les évaluations sont fragiles et changeantes. 
 
 

C'est alors qu'intervient le Crédit Lyonnais qui propose à la Direction Financière, sous réserve - bien entendu - de l'accord préalable de l'administration fiscale, un montage savant de double crédit-bail fiscal (double dip) assorti d'une pirouette de l'argent sur les Docks de Dublin. Monique Blanc, aidée d'une équipe d'actuaires d'un grand cabinet d'audit, va se dépenser sans compter pour échafauder un tel montage. Durant le mois qui précède la remise de l'offre, elle, ses «mercenaires» et les experts du Crédit Lyonnais vont faire du «non-stop» dans une ambiance de kermesse. Grâce à ce mécanisme, l'offre d'ATES revient «dans les clous».

Au même moment, ATES et Aérospatiale reprennent les négociations concernant un rapprochement de leurs activités satellites.

Enfin, le verdict tombe. On ne peut mieux résumer la déception de tous que par cette comparaison faite, à l'époque, par un responsable commercial : «Le client voulait une Mercedes, on lui a fourni une Rolls Royce au prix d'une Mercedes, alors que GE Astro (sorti vainqueur) a offert une 2CV… au prix d'une 2CV.» Les couloirs bruissent du mot «non compliant», tout le monde veut en découdre, veut faire un procès pour «non compliance»… Et puis le temps passe. Quelques succès commerciaux obtenus en association avec Aérospatiale mettent du baume au coeur des équipes. Seuls les plus anciens se souviendront de cette merveilleuse épopée qui souda un peu plus l'entreprise.

«Compliant» ou pas, les Américains donnent à ATES une leçon de «real policy».

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