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Association Amicale des Anciens d'Alcatel Space
CHRONIQUES D'UN MÉTIER de 1963 à 1993
Table | Préf | Intro | 1 | 2 | 3 | 4 | 5 | 6 | 7 | 8 | 9

6 - Les programmes de satellites

6.2 - Les satellites de télécommunication

Arabsat


L'activité commerciale visant un programme de satellites de télécommunications couvrant les pays membres de la Ligue arabe commence à Thomson-CSF au début de l'année 1974. Hughes Aircraft, sous l'impulsion de Paul Visher, mène alors une action auprès de certains pays arabes pour promouvoir l'idée d'un tel système.

À cette époque, la Division Internationale de Thomson-CSF, dirigée par Gérald Cauvin, possède de très bons contacts dans plusieurs de ces pays, ce qui incite Hughes, alors en très bonnes relations avec Thomson-CSF, à rechercher son soutien dans son action commerciale.

La contrepartie doit être, bien entendu, une participation de Thomson-CSF à un éventuel programme de réalisation.

Au cours des années 1974 à 1976, les réunions et les actions commerciales se succèdent. La Direction du Département DSP participe à certaines d'entre elles.

En 1977, une coopération tripartite voit le jour entre Hughes, Thomson-CSF et NEC (Nippon Electric Company), ce dernier étant particulièrement intéressé par les stations terriennes.

Au début de 1978, un accord est mis sur pied entre les trois compagnies, qui stipule que les satellites seront fournis par Hughes, Thomson-CSF et NEC se partageant la fourniture des stations terriennes. Cet accord est valable uniquement dans le cas d'un seul appel d'offres groupant les satellites et les stations. Une clause prévoit que Hughes s'efforcera de sous-traiter des équipements des satellites à Thomson-CSF et à NEC.

Au cours de cette année, les événements s'accélèrent du côté de l'organisme client. L'organisation intergouvernementale Arabsat lance un appel d'offres pour des services de consultant pour la définition du système. C'est la société semi-gouvernementale américaine Comsat qui obtient le marché au début de mars 1978.

Les deux fournisseurs français de satellites Aérospatiale et MATRA sont, bien entendu, très intéressés par le programme Arabsat. À la même époque, ils se préparent tous deux à la compétition pour le satellite français Telecom 1 où Thomson-CSF est le seul fournisseur possible pour la charge utile. Tous deux sollicitent donc Thomson-CSF pour la fourniture de la charge utile d'Arabsat, qui doit comporter des répéteurs en bande C pour les télécommunications et un répéteur en bande S pour la diffusion de télévision.

Sollicité par trois maîtres d'oeuvre potentiels, Thomson-CSF doit faire un choix. Il apparaît assez rapidement que seul le satellite fera l'objet de l'appel d'offres de l'organisation Arabsat, les stations terriennes devant être achetées individuellement par les différents pays sur la base des spécifications établies par Comsat.

L'éventualité d'une telle configuration change considérablement les données du problème en ce qui concerne les chances du Département DSP de participer d'une manière substantielle à la réalisation des satellites.

D'un côté, Hughes doit seulement «s'efforcer» de sous-traiter quelques équipements du satellite, de l'autre les deux maîtres d'oeuvre français potentiels doivent confier à DSP la maîtrise d'oeuvre de la charge utile.

De plus, dans le sillage de Telecom 1, on peut s'attendre à un très fort soutien «politique» des autorités françaises si une solution entièrement française est proposée.

Thomson-CSF décide donc de s'orienter vers une participation à une offre, soit de MATRA, soit d'Aérospatiale. Ces deux sociétés, qui s'affrontaient déjà pour Telecom 1, sont également prêtes à «en découdre» pour Arabsat, et le choix à effectuer par Thomson-CSF s'avère particulièrement délicat.

La Direction de DSP et celle de sa Division mère DFH se trouvent en première ligne pour prendre la décision.

Au début de l'été 1979, une profonde analyse des situations technique et commerciale fait pencher la balance en direction d'Aérospatiale qui semble la mieux placée pour gagner l'affaire, et la coopération avec cette société s'intensifie.

Le choix du maître d'oeuvre de Telecom 1 en faveur de MATRA est annoncé le 21 septembre 1979.

C'est alors que la DAII (Direction des Affaires Industrielles et Internationales), qui fait partie de la DGT (Direction Générale des Télécommunications) de l'administration des Postes et Télécommunications, fait savoir à Thomson-CSF qu'elle n'admet pas que, dans le programme Arabsat, Thomson-CSF s'associe à un maître d'oeuvre autre que celui qui a été choisi pour Telecom 1. Une telle pression de la part d'un très important client ne peut être qu'irrésistible, et DSP doit mettre fin à sa coopération avec Aérospatiale et s'associer à MATRA.

La «raison d'État» a anéanti les résultats d'une étude technico-commerciale particulièrement sérieuse.

La proposition de DSP pour la charge utile d'Arabsat est remise à MATRA le 7 décembre 1979 et c'est en mai 1981, après un temps d'évaluation particulièrement long, que l'organisation Arabsat annonce l'attribution du contrat à Aérospatiale, qui a confié à l'américain Ford Aerospace la réalisation de la charge utile.

La Direction de DSP, très désappointée d'avoir subi la «raison d'État» qui lui a fait perdre un marché qu'elle aurait dû gagner, aura, par la suite, quelques motifs de consolation:

- le gain d'Arabsat aurait considérablement aggravé les problèmes de surcharge industrielle provoqués par l'arrivée d'importants programmes (Telecom 1, SPOT, TDF 1) et le transfert à Toulouse;

- l'affaire Arabsat s'avère finalement désastreuse pour Aérospatiale sur le plan financier, en raison de nombreux contentieux qui n'auraient certainement pas épargné Thomson-CSF si elle avait participé à l'affaire.
 
 

Après de nombreuses péripéties, l'Aérospatiale livre, le 29 novembre 1984, son premier modèle de vol qui est lancé par Ariane le 8 février 1985. Le second est mis en orbite par la navette américaine le 17 juin 1985.

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