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Association Amicale des Anciens d'Alcatel Space
CHRONIQUES D'UN MÉTIER de 1963 à 1993
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6 - Les programmes de satellites

6.1 - Les satellites scientifiques

Mars Balloon Relay


Mars Observer - Crédit NASALe projet Mars Balloon Relay (MBR) fait partie d'une mission scientifique concrétisant une proposition du professeur Jacques Blamont, du CNES, et associé aux programmes américain Mars Observer 92 et russe Mars 94. Le CNES est le responsable scientifique de la mission et coopère avec la NASA américaine et l'organisme russe IKI.

Les sondes russes doivent emporter quatre stations à déposer sur le sol martien et deux ballons destinés à évoluer dans l'atmosphère martienne.

Ce matériel MBR, placé à bord de la sonde Mars Observer, a pour mission d'assurer les liaisons avec l'infrastructure martienne (ballons et stations) dans la bande des 400 MHz : émetteur de télécommande, récepteur de télémesures, antennes. Ces équipements doivent transmettre les interrogations aux matériels d'infrastructure, collecter les données scientifiques qui en proviennent et les localiser en exploitant l'effet Doppler sur la porteuse de télémesure.

Mars Global Surveyor Crédit NASALa transmission des données vers la Terre doit être assurée par Mars Observer dont la mission principale est de photographier la planète afin d'en effectuer une cartographie précise.

En 1988, le CNES informe Alcatel Espace de son intention de lui faire réaliser l'ensemble MBR. Il s'agit d'un marché de gré à gré mais avec de très fortes contraintes de délai de livraison et, surtout, d'enveloppe financière.

Les équipements doivent s'adapter aux interfaces des systèmes américain et russe. Les spécifications initiales sont très imprécises, et le contexte de la coopération trilatérale (France, USA, URSS) particulièrement compliqué.

L'état d'avancement du projet est également très différent chez l'un et l'autre partenaires. La tâche du premier chef de projet, Laurent Diderot, n'est donc pas particulièrement aisée, d'autant que la première année d'activité, les phases O et A, ne bénéficie d'aucun financement du client qui manifeste malgré tout son impatience de voir les travaux avancer rapidement.

La définition précise des interfaces donne lieu à quelques péripéties car, en 1988, les Américains travaillent déjà depuis plusieurs années sur Mars Observer alors que les Russes ont à peine démarré leur projet en ce qui concerne les stations.

Topex - Crédit GE AstroUn voyage à Moscou, organisé en 1988, permet à Laurent Diderot, au prix de quelques savoureuses anecdotes, d'être initié aux méthodes de travail avec les agences soviétiques.

En mars 1989, après une phase B toujours non financée par le client, une proposition lui est remise pour la phase C/D. Les spécifications détaillées des divers éléments du MBR ont été écrites afin de pouvoir lancer des appels d'offres pour leur fabrication.

Quelques difficultés techniques sont apparues, notamment le risque de brouillage des émissions des stations par celles des ballons.

La principale difficulté est cependant d'ordre financier. Le premier devis affiche un prix supérieur au double de l'enveloppe fixée par le client. Après d'actives négociations, il est décidé de sous-traiter la fabrication des cartes à des PME de la région toulousaine. Après une consultation, la société CEIS est retenue.

Alcatel Espace reste maître d'oeuvre de l'ensemble et se porte garant des procédures de réalisation et de la qualité du matériel. Il agit également en tant que centrale d'approvisionnement des composants.

Cette organisation est la source de quelques divergences d'opinions, notamment vis-à-vis de la divulgation à un tiers, en l'occurrence CEIS, des procédures de fabrication propres à Alcatel Espace.

Pierre de Château Thierry, chef de projet du MBR pour la phase C/D, à partir de juillet 1989, doit en l'occurrence faire preuve d'une certaine diplomatie pour naviguer entre des positions internes radicalement opposées. Finalement, le tandem Alcatel/CEIS fonctionne bien et prouve son efficacité.

Les livraisons de matériels se terminent en janvier 1992, dans des conditions de performances techniques et de délais très satisfaisantes. Il apparaît, en mars 1992, au cours des essais d'intégration au Mars Observer conduits chez son maître d'oeuvre américain GE Astro, que la mauvaise qualité spectrale du signal de référence à 10 kHz, fourni par l'équipement américain, dégrade de façon inacceptable les performances du MBR.

Titan 3E et MO - Crédit NASAC'est là que la coopération entre Alcatel et CEIS confirme de nouveau son efficacité. Les équipements d'Alcatel sont rapatriés et, en moins d'un mois, équipés d'un générateur autonome à 10 kHz puis intégrés à nouveau dans la sonde chez GE Astro aux États-Unis.

C'est l'occasion pour la Direction Générale du CNES d'exprimer par écrit à Alcatel Espace, en juin 1992, sa «satisfaction tant sur le développement et la réalisation de l'instrument dans un contexte calendaire et budgétaire tendu que sur l'assistance technique apportée à l'équipe Projet CNES pendant les travaux d'intégration et d'essais dans les locaux de GE Astro».

La sonde Mars Observer, qui emporte le MBR, est lancée le 25 septembre 1992. Après un voyage de onze mois (725 millions de kilomètres), avant la mise en orbite autour de Mars, le contact est perdu, la cause probable étant une explosion due à une rupture de canalisation dans le système de propulsion.

À la suite de MBR, Alcatel Espace fournit, toujours avec CEIS, un matériel semblable, le RDM (Relais de Données Martien) destiné à la sonde russe Mars 94, devenue plus tard Mars 96. Le lancement de cette sonde est un échec le 16 novembre 1996.

Enfin, un exemplaire supplémentaire du MBR est fourni pour la sonde américaine Mars Global Surveyor, lancée le 6 novembre 1996. Son fonctionnement est annoncé comme «nominal» après les quarante-huit premières semaines de trajectoire.

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