Accueil du siteRubrique histoire
Association Amicale des Anciens d'Alcatel Space
CHRONIQUES D'UN MÉTIER de 1963 à 1993
Table | Préf | Intro | 1 | 2 | 3 | 4 | 5 | 6 | 7 | 8 | 9

6 - Les programmes de satellites

6.1 - Les satellites scientifiques

EOLE


Eole - Crédit photo CNESLe programme Eole a pour but l'étude et la distribution des vents à haute altitude autour du globe au moyen d'un satellite à défilement, localisant des ballons dérivant au gré des vents. Les ballons doivent évoluer à plafond constant et transmettent au satellite les informations de température et de pression.

Ce dernier interroge périodiquement chaque ballon, le localise et enregistre les informations reçues afin de les retransmettre au sol au moment du passage à portée de la station terrienne.

Deux services techniques participent à ce programme : le service dirigé par Willy Martini à CSF-Corbeville et le service dirigé par Roland Gosmand à Thomson-Gennevilliers.

Après une certaine concurrence sur les premiers marchés d'étude concernant le programme Eole, chacun de ces services obtient finalement une part de la réalisation du satellite.

Suite à l'appel d'offres n° 2020 du CNES, ce numéro ayant été longtemps utilisé pour définir l'ensemble de cette prestation, Willy Martini est chargé de réaliser, comme sous-traitant de LCT (Laboratoire Central de Télécommu­nications), les équipements d'émission et de réception en UHF faisant partie du sous-système d'interrogation et de localisation des ballons.

Ce sous-système a une triple mission :

- interrogation individuelle de chaque ballon (envoi d'un ordre de réponse comprenant l'adresse du ballon) ;

- localisation du ballon interrogé, sa direction étant définie par l'angle des directions du vecteur vitesse du satellite et de l'axe satellite, et cet angle étant déterminé par une mesure de l'effet Doppler sur la porteuse. La distance satellite-ballon est fournie par une mesure de phase sur deux sous-porteuses à basse fréquence ;

- décodage des informations aéronomiques fournies par le ballon interrogé.

Les équipements UHF étudiés par l'équipe de Willy Martini comprennent un émetteur à 464 MHz et un récepteur à 401 MHz à détection cohérente. Trois modèles de vol sont livrés à LCT.

L'équipe de Roland Gosmand obtient la maîtrise d'oeuvre du sous-système télémesure-télécommande du satellite, qui comprend :

- un récepteur de télécommande ;

- un duplexeur de couplage antenne émetteur-récep­teur ;

- un émetteur de télémesure ;

- un codeur de télémesure ;

- un décodeur de télécommande ;

- un convertisseur d'alimentation.
 
 

Scout B et Eole - Crédit photo NASALe codeur de télémesure et le décodeur de télécommande sont fournis par la société Intertechnique et intégrés au sous-système par Thomson.

L'émetteur et le récepteur fonctionnent dans la bande VHF réservée à ces services, respectivement à 136 et 150 MHz.

Les deux équipes étant rassemblées à Vélizy après la fusion de Thomson et de CSF, c'est dans ce nouveau centre que se déroule la fabrication des modèles de vol.

Depuis les débuts de l'activité spatiale, qui a commencé par les programmes Diamant, les services du client, le CNES, ont élaboré progressivement une politique de qualité avec des normes de plus en plus précises et contraignantes. Il reste aux industriels à faire l'apprentissage de l'application de ces normes.

Pour Thomson-CSF, le programme Eole en est l'occasion. Mais au début, tout est loin d'être parfait. Francis Violet, responsable de la fabrication spatiale à Vélizy, et Marcel Putz, responsable de la qualité à cette époque, n'ont encore que peu de moyens et de personnel convenablement formé pour ce genre de travail.

Quelques échantillons technologiques de soudures et de bobinages sont refusés par le CNES, et leur mise en conformité s'avère longue et difficile. Les esprits s'échauffent de part et d'autre jusqu'au point de déclencher, à la fin de 1969, une intervention du Directeur Général du CNES auprès du Directeur Général de Thomson-CSF.

Il y a lieu, à ce point, de préciser que, simultanément à ce problème, un sérieux litige oppose le CNES et les industriels du CIFAS, dont fait partie Thomson-CSF, dans la négociation des prix du programme Symphonie, d'une part, et, d'autre part, des difficultés de mise au point retardent la livraison au CNES des récepteurs de télécommande de destruction qui font partie du dispositif de sécurité de la base de lancement de la fusée Europa II en Guyane (programme baptisé RTG).

Finalement, après de louables efforts, tout rentre dans l'ordre. Tous les matériels sont livrés et recettés. Et après le lancement du satellite, le 16 août 1971, le programme est un succès.

Certaines mauvaises langues insistent même sur le fait que les matériels de Thomson-CSF ont correctement fonctionné dans toutes les conditions et transmis fidèlement tous les ordres, même le jour où un ordre erroné d'autodestruction, transmis par un opérateur, a abouti à la destruction de quelques dizaines de ballons. Il y a lieu de rappeler que l'autodestruction des ballons est normalement prévue lorsqu'ils s'approchent dangereusement des couloirs réservés à la circulation des avions.

Il est nécessaire de signaler que l'équipe de Willy Martini a également obtenu un marché d'étude et de réalisation de prototypes d'un émetteur à 401 MHz et d'un récepteur à 464 MHz à détection cohérente destinés à être embarqués dans les nacelles des ballons.

Les ballons risquant d'évoluer dans le domaine de vol des lignes aériennes, la technologie de réalisation doit répondre à un ensemble de normes de «sécurité aérienne» destinées à assurer la sécurité des aéronefs en cas d'impact. Ces contraintes nouvelles et exceptionnelles posent un certain nombre de problèmes.

Néanmoins, les prototypes sont livrés dans des conditions satisfaisantes. Mais, finalement, le marché de fabrication en série est gagné par une société concurrente.

Début de cette page

All rights reserved © Copyright 1999-2004 Alcatel Space, Paris, France.