4 - Les fonctions et les métiers
Le domaine des Achats
Dans une entreprise du type d'Alcatel Espace, les Achats sont chargés
d'acquérir auprès de fournisseurs extérieurs les équipements,
matières, produits et services nécessaires au fonctionnement
de la société et à la réalisation de ses objectifs
de production et de vente.
Les Achats sont seuls habilités à négocier avec
les fournisseurs les prix, les délais, et plus généralement
toutes les conditions de l'achat en coopération étroite avec
les demandeurs et, si besoin est, avec le Service Juridique.
Les Achats ont seuls le pouvoir d'engager la société vis-à-vis
des fournisseurs après avoir fait approuver par la Direction Générale
ou l'autorité délégataire les conditions des contrats
ou commandes.
Les Achats assurent la gestion des commandes et des contrats d'achat
jusqu'à leur complet achèvement. Responsables des intérêts
de l'entreprise face aux fournisseurs, les Achats doivent s'attacher à
diminuer les coûts dans les conditions techniques et de qualité
requises par les demandeurs.
Depuis les origines, la structure Achats de l'Espace, embryonnaire au
départ, a beaucoup évolué, s'affirmant dans la société
pour prendre peu à peu sa responsabilité pleine et entière
telle que définie ci-dessus.
C'est l'histoire de cette évolution que nous allons suivre de
1970 à 1994. Une constante au cours des âges, c'est la gamme
des produits et services dont l'Espace a besoin et que l'entité
Achats aura à acquérir :
- les composants : il s'agit de composants électriques, électroniques
et électromécaniques. Souvent, on les appelle composants
3E. Ils font l'objet de spécifications techniques précises
et de contrôles rigoureux tant pendant la fabrication qu'à
son stade final (contrôles à la source). S'ils sont destinés
à des modèles de vol, le fournisseur les livre accompagnés
de documents élaborés au cours de la fabrication (traçabilité),
qui sont eux-mêmes vérifiés avant l'entrée en
magasin (contrôle d'entrée) ;
- les biens industriels : machines de production, ordinateurs gros et
petits et logiciels associés, appareils de mesure, bancs de test,
mobilier de bureau, de laboratoire, d'atelier, biens d'équipements
divers ;
- les fournitures : marchandises, articles, denrées généralement
consommables ;
- certaines prestations intellectuelles : études, recherches,
développement de logiciels ;
- la sous-traitance industrielle majeure non assimilée à
une PECT ;
- la sous-traitance sur site, l'assistance technique, la maintenance
;
- les prestations de services généraux : restaurant, gardiennage,
nettoyage, entretien d'espaces verts… ;
- les transports nationaux et internationaux ;
- les PECT : Prestations Entièrement Confiées à
des Tiers. C'est là un poste important puisqu'il s'agit d'acheter
des équipements complets, qui seront intégrés en l'état
aux charges utiles réalisées par la société.
Les achats de composants, qui nécessitent des compétences
techniques particulières, sont effectués par des spécialistes.
Il en est de même pour les PECT. Les autres achats sont souvent regroupés
sous le vocable «achats généraux ou industriels».
Les achats avant 1982
Au début de l'activité spatiale, les services chargés
des achats appartiennent à des unités dont la principale
activité est autre que spatiale. Il n'existe donc pas de fonction
Achats spécifique du spatial.
L'approvisionnement des composants haute fiabilité est le seul
qui nécessite un suivi particulier sur le plan technique et sur
le plan de la qualité. À Gennevilliers, par exemple, pour
les premiers matériels de télémesure et de télécommande,
ce suivi est assuré par le Service Technique lui-même.
Plus tard, à la Division MAS, lorsque les activités spatiales
prennent de l'ampleur, une partie du personnel du Service Achats commence
à être orientée vers les approvisionnements spécifiques
au spatial en liaison avec le Service Qualité.
À cette époque, une grande partie de ces approvisionnements
revêt une forme particulière :
- dans Intelsat IV, tous les composants sont fournis par le maître
d'oeuvre Hughes Aircraft. Leurs coûts ne sont donc pas compris dans
les prix de vente et leur gestion administrative se trouve de ce fait simplifiée
;
- dans Symphonie, l'approvisionnement d'une partie des composants
est centralisé au niveau du groupe de projet assurant la maîtrise
d'oeuvre qui se trouve en fait être le fournisseur vis-à-vis
du Service Achats.
Pierre Boutillon est le premier employé du Service Commercial
de la Division MAS à être chargé des approvisionnements
spécifiques du spatial.
En 1970, lorsque le Département ESA est créé, il
est tout naturellement chargé d'y assurer la fonction Achats. Louis
Gadeau rejoint ensuite le Service dont il prend la direction.
Dans tous les programmes exécutés par le Département
ESA puis DSP jusqu'en 1977-78, il n'y a que très peu de PECT importantes
que peut gérer le Service Achats.
Lorsque, par exemple, le Département est maître d'oeuvre
d'un sous-système TM-TC pour l'Agence Spatiale Européenne,
les matériels sous-traités, généralement hors
de France, sont payés directement au fournisseur par l'Agence dans
sa monnaie nationale. Afin de simplifier les procédures internes,
le suivi administratif de ce genre de contrat, qui n'implique aucun paiement
de la part du Département, est assuré directement par le
Service Commercial, le suivi technique étant assuré par les
services techniques. Seules les sous-traitances de pièces mécaniques
au profit des services de fabrication sont prises en charge par le Service
Achats.
En 1978, dans le cadre d'une action générale décidée
par la nouvelle Direction de la Division DFH, à laquelle appartient
le Département DSP, et qui vise à retirer à ce Département
un certain nombre de ses fonctions, le Service Achats de DSP est, dans
une première phase, supprimé, tous les achats devant être
effectués par celui de la Division implanté à Levallois.
Il apparaît très rapidement que cette solution est impraticable
pour l'achat et le suivi des commandes des composants haute fiabilité,
et à la demande du Directeur de la Production de la Division lui-même,
un échelon du Service Achats central est maintenu à DSP,
avec le même effectif, pour ce type d'achat. L'opération n'aboutit,
en fait, qu'à compliquer les circuits hiérarchiques et administratifs.
Louis Gadeau continue d'exercer ses fonctions pour les approvisionnements
spécifiques du spatial, transmettant au service central les demandes
d'approvisionnements «non spatiaux».
Cette situation cesse en janvier 1982 lorsque est créée
la Division Espace qui peut remettre en place à DSP un Service Achats
à part entière avec Louis Gadeau et Éric Goubet.
Le transfert à Toulouse et l'expansion rapide du Département
DSP et de la Division Espace provoquent d'importantes modifications et
l'apparition d'une organisation beaucoup plus étoffée.
Les achats à partir de 1982
Rapidement, un Service Achats (généraux et industriels)
est créé à Toulouse, dans l'usine du Mirail, confié
à Nicolas Camerani et rattaché d'abord à Roland Borchi,
chef de la fabrication, puis à Jacques Rosmorduc, chef d'établissement.
Les PECT de Telecom 1 sont traitées à Meudon par
un groupe de deux personnes (Jean-Louis Gautier et Michel Bauer) qui établissent
les spécifications et négocient les conditions contractuelles.
Les commandes sont émises et administrées par les Achats.
C'est ce groupe qui aura à gérer techniquement les équipements
sous-traités de Telecom 1 et de SPOT 1.
En 1983, l'activité PECT bord civil est transférée
à Toulouse. Les PECT des matériels sol militaires sont placées
sous la responsabilité de Claude Delaneau de 1986 à 1988
(essentiellement pour SYRACUSE 1).
En 1988, à Courbevoie, Jérôme Dufour prendra la relève
pour s'occuper de SYRACUSE 2 et aura à négocier des
achats relatifs à l'édification des stations de contrôle
(génie civil, gros oeuvre, RF, antennes). Il conduira ces achats
à leur terme alors que ceux qui concernent les équipements
du système seront transférés à Toulouse en
1990 et confiés à Alfred Poli (sous la responsabilité
de Bernard Kelhetter).
Ayant reçu le renfort de Pierre Duny, Jérôme Dufour
prendra en charge les stations de contrôle sol de Kerguelen,
puis de Turksat en 1991 et de Suparco (Pakistan) en 1992.
Nous sommes loin, en 1982, d'une structure Achats forte. Le chemin à
parcourir pour y arriver va être long, et les variations d'organisation
nombreuses.
La Centrale d'Achats Composants
Devant l'augmentation du plan de charges et en raison des exigences
de qualité, il apparaît que les composants 3E montés
sur les modèles de vol doivent faire l'objet d'un traitement particulier
à tous les niveaux : négociation, spécifications,
qualification, contrôle à la source, contrôle réception,
magasinage.
Le 31 janvier 1984, on crée la Centrale d'Achats Composants EEE,
la CAC, détachée du Service des Achats.
La CAC a en charge :
- l'activité «Engineering Composants» : évaluation,
qualification, spécifications ;
- la définition des besoins de chaque projet (quantité
et délais), résultat de l'analyse «à la main»
des nomenclatures papier du Bureau d'Études ;
- les achats proprement dits : négociation, gestion, commandes
;
- le contrôle à la source et le contrôle d'entrée.
Le responsable de la CAC est Pierre René. Il faut souligner l'importance
de l'Engineering Composants, confié à un groupe d'ingénieurs
dont chacun suit un projet déterminé et possède une
spécialisation technique ou technologique mise au service de tous
les autres.
Ainsi :
- ERS et SPOT 2 sont suivis par Jean Sogliuzzo, également
responsable des contrôles ;
- Athos est suivi par Robert Van Hove, également responsable
des composants passifs ;
- TV-Sat et TDF sont suivis par André Gil ;
- TELE X est suivi par Daniel Roques, également responsable
des actifs non hyper et de la microélectronique ;
- Intelsat VI est suivi par Michel Sirven, également responsable
des hyper actifs.
La Direction Industrielle
Le 1er octobre 1986 est créée la Direction
Industrielle (DI), confiée à Paul Fournier. À l'exception
des PECT, les Approvisionnements et les Achats lui sont rattachés.
La CAC disparaît, ses fonctions sont éclatées entre
:
- la Direction Qualité pour l'activité «Engineering
Composants» ;
- un Service Approvisionnements (SAP) confié à Jean Sogliuzzo
pour la définition des besoins, le contrôle à la source,
le contrôle d'entrée et le magasinage des composants EEE ;
- le Service Achats (SAC), sous la responsabilité de Nicolas
Camerani qui négocie commercialement, commande et gère les
actes d'achat.
Le rôle du SAP est d'une importance vitale pour atteindre l'objectif
principal fixé à la DI dès sa création : tenir
les délais de sortie des équipements. Il faut identifier
correctement les vrais besoins en composants de façon à les
commander assez tôt en regard des délais des fournisseurs.
La réussite est liée à l'emploi de moyens informatiques
adaptés : c'est la mise en service de MIMS, progiciel de GPAO qui
exige de la part des cadres un effort pédagogique de tous les instants
et une force de conviction à la mesure de l'enjeu. MIMS permet aussi
de planifier avec précision les préparations de composants
issus du magasin en direction des ateliers de fabrication.
SAP constitue donc un pivot de la production au même titre que
le Bureau d'Études, les labos ou les ateliers.
Les efforts fournis seront couronnés de succès, dont le
premier en date est la disponibilité à temps des composants
destinés aux équipements d'Eutelsat 2, au début
de 1987.
La sous-traitance
En 1987, Alcatel Espace voit se profiler un accroissement important
et rapide des charges de travail qui, sur les graphiques, se traduit par
une grosse bosse à l'horizon de quelques mois !
Il faut impérativement se préparer à sous-traiter
une part non négligeable des tâches en matière de câblage,
mécanique, développement, logiciels, manutentions, etc.
S'ajoutant à la sous-traitance structurelle déjà
largement pratiquée en matière de services généraux
(restaurant, gardiennage, espaces verts…), cette sous-traitance «productive»
va gonfler le volume des commandes de prestations de main-d'oeuvre.
À l'intérieur de la société, les «clients»
sont nombreux car chaque service peut éventuellement avoir à
faire appel à de l'aide extérieure. Il convient de maîtriser
le flux des ordres de ce type, notamment en limitant le nombre des fournisseurs
potentiels que l'on «qualifie» préalablement et en mettant
en place un dispositif de contrôle qui permet de s'assurer du caractère
indispensable de la sous-traitance sollicitée, de sa conformité
au budget et de sa régularité vis-à-vis de la législation.
Pour ce faire, on crée au sein de DI un service d'achats spécialisé,
nommé Service Gestion de la Sous-Traitance (GST), confié
au printemps 1987 à Jacques Rosmorduc.
De nombreuses entreprises de la région toulousaine coopèrent
avec Alcatel Espace. Pour certaines d'entre elles, il convient d'abandonner
le qualificatif de sous-traitant, pris quelquefois à tort dans un
sens un peu péjoratif, pour celui de partenaire. Tel est le cas,
entre autres, de la société Latécoère à
qui l'on confie le dossier de fabrication, la réalisation, l'assemblage
et certains tests des sources d'antenne pour quatre modèles de vol
Eutelsat
2 étudiés préalablement par Alcatel Espace.
Pour donner un ordre de grandeur des volumes traités par GST,
en 1989 la sous-traitance de DTI (Direction Technique et Industrielle)
s'élève à 170 millions de francs, le montant des achats
généraux étant de 234 millions de francs.
Transports et opérations en douane
L'industrie spatiale mettant en oeuvre de nombreux échanges
mondiaux, Alcatel Espace doit maîtriser parfaitement ses rapports
avec les transporteurs internationaux, les transitaires, les services officiels
des douanes de nombreux pays. On tente de sous-traiter cette activité
mais c'est un échec, tant au plan des coûts qu'au plan des
résultats. La DI met en place la structure qui permet d'assurer
ces fonctions.
C'est, le 1er mars 1988, la création d'un «Bureau
Logistique-Transport-Douane» (LTD), confié à Marie-Françoise
Gaillard à qui l'on rattache également les tâches d'emballage,
d'expédition et de réception.
Notons au passage qu'à cette époque LTD traite par an
plus de dix mille opérations d'expédition-réception.
En 1994, leur nombre s'élèvera à près de vingt-cinq
mille !
Groupement des Services Achats et Approvisionnements
Après la création de LTD, les services qui s'occupent
d'achats au sens large du terme ou qui y prêtent leur concours sont
donc, au sein de DI :
- le Service des Achats Généraux (SAC) ;
- le Service des Approvisionnements de composants (SAP) ;
- le Service Gestion de Sous-Traitance (GST) ;
- le Bureau Logistique-Transport-Douane (LTD).
Le 1er janvier 1989, on modifie leurs attributions respectives
de la façon suivante :
- les Achats Généraux et la Sous-Traitance sont réunis
en un Service AGS (responsable Jacques Rosmorduc) ;
- les Approvisionnements, les achats de composants, le contrôle
d'entrée et les magasins constituent le nouveau Service SAP (responsable
Jean Sogliuzzo) ;
- les transports et les opérations en douane restent au bureau
LTD (Marie-Françoise Gaillard).
L'ensemble est constitué en un groupement de services nommé
Services Achats et Approvisionnements (S2A), placé sous la responsabilité
de Xavier Loeffel, rattaché lui-même à DI.
Cette modification d'organisation tend à :
- rationaliser et optimiser le système des approvisionnements
de composants ;
- profiter au maximum des synergies et similitudes entre la gestion
de sous-traitance et les achats généraux.
La rationalisation des «appros» est encore améliorée
en octobre 1989, lorsque 1'»Engineering Composants», qui avait
été dévolu à la Direction Qualité en
1986 lors de l'éclatement de la CAC, est rattaché au Service
des Approvisionnements (SAP). En même temps, les missions principales
de ce groupe d'ingénieurs sont précisées. Elles sont
les suivantes :
- créer et maintenir à jour le fichier des composants
MIMS ;
- écrire et mettre à jour les spécifications d'approvisionnements
satisfaisant aux exigences du Plan Qualité concerné et gérer
la bibliothèque de ces spécifications ;
- participer à l'évaluation et à la qualification
des couples composant-fabricant (phase B) ;
- négocier techniquement les spécifications d'approvisionnements
avec les fabricants ;
- effectuer le suivi technique des approvisionnements chez les fournisseurs
ainsi que l'initialisation et le traitement des non-conformités
ou des demandes de dérogation, en accord avec les procédures
qualité ;
- documenter l'aspect «technique composants» des Demandes
d'Autorisation d'Emploi (DAE) dans le contexte de la nouvelle procédure
de traitement des DAE.
Organigramme des Services Achats et Approvisionnements en 1989
Direction Industrielle |
|
P. Fournier |
|
S2A - Services Achats et Approvisionnements |
X. Loeffel |
|
AGS - Achats généraux et sous?traitance |
J. Rosmorduc |
|
Achats généraux
|
|
|
Sous-traitance
|
|
|
SAP - Service Approvisionnements |
J. Sogliuzzo |
|
Achats composants
|
|
|
Approvisionnements
|
|
|
Magasin - contrôle entrée
|
|
|
LTD - Bureau Logistique-Transport-Douane |
M.-F. Gaillard |
|
Douanes
|
|
|
Expédition - réception
|
|
Les achats de PECT à Toulouse
Quel est le sort des achats de PECT bord civil après le transfert
de Meudon à Toulouse ? C'est Gabriel Frayssinet qui les prend en
charge en 1983 en créant un groupe Gestion Contrats Fournisseurs
(GCF) où sont affectés Guy Cornillon, Gilbert Blanchet, Hervé
Sorre et Pierre Couderc pour s'occuper des sous-contrats de TELE X,
TDF 1 et TV-Sat 1.
En 1985, GCF est dissous. Michel Bauer est affecté au Département
Technique (Jean-Louis Maury) où il continue de spécifier
et négocier certaines PECT, notamment les isolateurs (avec Thomson-CSF
Montreuil), des duplexeurs en bande Ku (avec EMS-USA), des calculateurs
de bord (avec Crouzet)… En 1987, ce type d'achat est rattaché à
S2A/AGS, ainsi d'ailleurs que Michel Bauer.
Mais l'essentiel de l'achat des PECT est alors entre les mains des Services
Commerciaux que rejoignent Guy Cornillon et Gilbert Blanchet, dans un Bureau
Sous-Traitance (BST) dont Bernard Kelhetter prendra la tête en juin
1987, sous l'autorité de Francis Fraikin. Ce BST s'étoffera
en recrutant plusieurs personnes dont Christian Combe, Christian Bruggemann
et Michel Langella.
En effet, le programme Telecom 2 arrive et comporte beaucoup
d'achats d'équipements ; de même, Intelsat VII, puis
SYRACUSE
2.
Incorporés dans un département commercial orienté
vers la vente, les acheteurs sont vus comme des commerciaux un peu particuliers.
Malgré tout, c'est durant les années 1988, 1989 et 1990 que
se rode cette activité de PECT bord civil et que les acheteurs spécialisés,
en se frottant au contexte international, acquièrent une certaine
maîtrise de la négociation.
Par ailleurs, leur rattachement au département commercial a pour
objectif de les motiver à faire porter par les cotraitants tout
ou partie des risques généraux du contrat principal (risque
de change, intéressements, plan de financement, etc.).
Rappelons que les PECT militaires et sol sont restées à
Courbevoie, gérées par Jérôme Dufour.
La Direction Centrale des Achats d'Alcatel Espace
Nous avons suivi le cours sinueux de l'histoire des Achats depuis
le début des années quatre-vingt. Dix ans plus tard, le tableau
de la répartition des acheteurs dans l'entreprise relève
du «pointillisme» ! En effet, à cette époque,
les commandes qui engagent financièrement l'entreprise vis-à-vis
des fournisseurs sont émises par :
- les Services Achats et Approvisionnements de la Direction Industrielle
pour les achats généraux ou industriels et les composants
;
- un Bureau de Sous-Traitance de la Division Commerciale pour les PECT
(bord civil) ;
- un Bureau d'Achats à Courbevoie pour les besoins de ce centre,
rattaché aux Services Généraux ;
- un Service d'Achats à Courbevoie pour les PECT militaires et
les stations de contrôle, dépendant de MOCOS.
Le résultat de cet éparpillement est à coup sûr
un gaspillage d'énergie. Pire : il n'est pas rare que le même
fournisseur puisse être consulté par deux acheteurs et traite
avec les deux (à des prix différents…) !
Or la fonction Achats prend de plus en plus d'importance en raison du
développement de la société : il convient de la structurer
plus fortement.
Jean-Claude Husson décide de créer le 1er février
1991 une Direction des Achats, confiée à Paul Fournier, regroupant
toutes les forces de la société qui oeuvrent dans ce domaine.
Le Directeur des Achats dépend de la Direction Générale.
L'intention est claire : faire en sorte qu'Alcatel Espace soit perçue
par les fournisseurs extérieurs comme une société
disposant d'interfaces organisées et de procédures respectées,
donc efficaces, ce qui ne doit pas manquer d'être profitable au plan
financier.
La Direction des Achats (DA) se structure en quatre Services :
- le Service Achats Équipements Bord (AEB) : Bernard Kelhetter
;
- le Service Achats Équipements Sol (AES) : Jérôme
Dufour ;
- le Service Achats et Spécifications de Composants (ASC) : Jean
Sogliuzzo ;
- le Service Achats Généraux et Sous-Traitance (AGS) :
Jacques Rosmorduc.
Les attributions de ces Services sont les suivantes :
- le Service AEB est chargé d'acquérir des équipements
ou des sous-ensembles «bord», plus généralement
des produits ou services que leur fort contenu technique, technologique
ou intellectuel rend spécifiques et coûteux. Ils constituent
généralement des PECT et répondent à un cahier
des charges particulier ; leur acquisition nécessite fréquemment
une procédure d'appel d'offres ;
- le Service AES a les mêmes attributions qu'AEB, pour les équipements
«sol» et «militaire» ;
- le Service ASC rédige les spécifications techniques
des composants 3E, négocie et achète ces produits. Il effectue
les contrôles à la source et les contrôles d'entrée
;
- le Service AGS est chargé d'acquérir tous les autres
biens, matières et services : biens d'équipement, marchandises,
denrées, certaines prestations intellectuelles telles que des études,
des développements de logiciels propres aux besoins internes, la
sous-traitance industrielle majeure hors site non assimilée à
une PECT, les prestations de services généraux, l'assistance
technique, la maintenance, etc.
Organigramme de la Direction des Achats en 1991
Direction des Achats |
|
P Fourrier |
|
Secrétariat-assistance d'exploitation |
F. Lapoutge |
|
Service Achats Équipements Bord |
B. Kelhetter |
|
Service Achats Équipements Sol |
J. Dufour |
|
Service Achats et Spécifications Composants |
J. Sogliuzzo |
|
Service Achats Généraux et Sous-Traitance |
J. Rosmorduc |
|
Antenne Achats Généraux et Sous-Traitance (Courbevoie)
|
|
|
Section Logistique-Transport-Douane
|
M.-F. Gaillard |
La section LTD, responsable des opérations de transport, emballage,
expédition, réception, déclarations en douane, dépend
du Service AGS.
La Direction des Achats s'attache d'abord à mettre à jour
ou rédiger des procédures d'achats claires qui doivent formaliser
le circuit des signatures des demandes d'achat depuis l'expression du besoin
jusqu'à l'émission des commandes.
De même, et surtout, sont concrétisées pour les
PECT les procédures d'appel d'offres, d'évaluation de ces
offres, d'établissement des «short-lists», de fixation
des prix objectifs et de choix final des fournisseurs. Pour chaque programme
est mis sur pied un système de réunions présidées
par le Directeur Général, où, sur la base d'éléments
préparés et présentés par la DA, se prennent
toutes les décisions. Y participent les Services Commerciaux, la
Direction des Programmes, la Qualité et la Direction Industrielle.
On traite de cette façon les achats de certains équipements
destinés à Turksat 1, Arabsat, Amos, Artemis et Asar.
Jérôme Dufour (AES), qui a reçu le renfort de Pierre
Duny, prend en charge les stations de contrôle sol de Kerguelen,
de Turksat et, en 1992, de Suparco.
Le résultat de cette rationalisation est double : les décisions
prises ou à prendre reposent dorénavant sur des éléments
précis et clairs facilitant les arbitrages ; d'autre part les négociations
avec les fournisseurs, alimentées par des arguments technico-économiques
sûrs, conduisent à d'importantes économies financières.
C'est à partir du début de 1991 que l'organisation des
Achats d'Alcatel Espace, charpentée solidement, est reconnue dans
l'entreprise et respectée à l'extérieur. La DA, en
effet, a atteint sa «majorité», contribuant à
la définition de la politique des achats, contrôlant sa mise
en oeuvre et catalysant les efforts de tous en cette matière.
Le 1er novembre 1993, Paul Fournier, partant à la
retraite, est remplacé par Jean-Louis Maury à la tête
de la Direction des Achats. En 1994, Jean-Pierre Hemmen remplace Jean Sogliuzzo
aux Achats de composants. Pierre Therby a succédé à
Jacques Rosmorduc parti à la retraite en 1993.
La Direction des Achats est alors forte de cinquante-quatre personnes
dont vingt et un acheteurs, des ingénieurs, techniciens, employés,
ouvriers pour la partie spécifications, contrôle entrée,
LTD, ingénieurs d'affaires composants, etc.
Pour les amateurs de données chiffrées, voici le montant
des commandes d'achats sur trois années :
1992 : 618 MF
1993 : 711 MF
1994 : 970 MF |