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Association Amicale des Anciens d'Alcatel Space
CHRONIQUES D'UN MÉTIER de 1963 à 1993
Table | Préf | Intro | 1 | 2 | 3 | 4 | 5 | 6 | 7 | 8 | 9

3 - Les unités spécialisées dans l'Espace

3.1 - Le Département Espace-Satellites (ESA puis DSP)

Deuxième partie - Le Département DSP dans la Division DFH


Le décès accidentel d'Alexandre Boudigues, Directeur de la Division AVS, aura certainement eu une grande influence sur le sort du Département ESA. Pendant quelques semaines, Jean de Mercey, Directeur de la Branche Équipements Électroniques de la Compagnie, aura assuré personnellement l'intérim de la direction d'AVS en attendant la nomination d'Alain Bougault à ce poste.

La position de ce dernier sur le rattachement du Département ESA devient rapidement assez différente de celle d'Alexandre Boudigues. Souhaitant concentrer l'activité de sa Division dans le domaine de l'avionique civile et militaire, et prévoyant que d'importants efforts seront à réaliser pour s'affirmer dans le domaine civil, il ne voit aucun inconvénient à satisfaire les pressantes demandes de Jacques Troude qui souhaite faire venir le domaine spatial, et plus précisément celui des télécommunications spatiales, au sein de la Division DFH.

Dans l'ordre de service du 12 septembre 1974, Jean-Pierre Bouyssonnie, Directeur Général de Thomson-CSF, annonce le rattachement du Département ESA à la Division DFH qui prend le nom de Division Faisceaux Hertziens et Liaisons Spatiales. Le Département reste implanté à Meudon et continue d'être dirigé par Jacques Chaumeron, assisté de Guy Leconte.

Bien que le transfert administratif ne soit prévu que pour la fin de l'exercice 1974, il est décidé, d'un commun accord entre les deux Divisions, que la Direction Commerciale et la Direction Technique de DFH doivent être immédiatement «associées à la détermination des politiques commerciale et technique du Département».

Il s'agit là d'une orientation nouvelle car, dans la Division AVS, la détermination de ces politiques a été largement laissée à l'initiative du Directeur du Département qui a reçu, dans ce but, délégation du Directeur de la Division AVS.

La principale motivation de cette orientation est de pouvoir coordonner et accentuer l'action en direction de l'administration des PTT, qui apporte un important soutien à la Division DFH sous forme de marchés d'études dans le domaine des faisceaux hertziens, mais qui n'a encore envisagé aucun soutien dans le domaine des télécommunications spatiales. Jusque-là, seuls le CNES et l'ESRO ont soutenu ce domaine. Il faut trouver un successeur au programme Symphonie.

Au 1er janvier 1975, Jacques Troude quitte la Direction de la Division DFH où il est remplacé par André Lepeigneux qui précise, dans une note datée du même jour :

- que le Département ESA, qui conserve le nom de Département Espace-Satellites, sera désormais désigné par le sigle DSP ;

- que son organisation et sa direction ne sont pas modifiées ;

- que le Bureau Spatial de DFH est dissous au 31 dé­cembre 1974, ses membres étant affectés comme suit :

- Savely Schirmann est adjoint à Jacques Chaumeron, Directeur de DSP, plus particulièrement dans le domaine des systèmes de télécommunications par satellites,

- Victor Biggi, adjoint à Savely Schirmann, assure la liaison technique avec DFH/Levallois,

- Bruno Blachier est responsable du projet de réseau Arabsat,

- Robert Hagenbucher est chargé du projet de système de TV communautaire et doit participer à des études pour l'ESRO.
 
 

Une modification est apportée fin janvier 1975 à l'organigramme du Département : Charles Nicolaus, chef du Service Qualité, ayant rejoint une nouvelle affectation à Bagneux, son centre d'origine, la responsabilité du Service Qualité est donnée à Francis Violet qui quitte celle du Service Fabrication 1. Le laboratoire de physique et chimie est rattaché au Service Qualité.

Les services Fabrication 1, Fabrication 2 et le Bureau de dessin sont regroupés sous l'autorité de Jean Petrotchenko.

Dans le domaine particulier des répéteurs pour satellites de télécommunications, le partage des tâches entre le Département DSP et le reste de la Division DFH demeure, sous la direction d'André Lepeigneux, tel qu'il a été défini dans l'accord entre les Divisions AVS et DFH, cette dernière ayant une part active dans le déroulement des études des matériels jusqu'au stade de la maquette.

Au 1er juin 1977, à la suite du départ pour une autre Division de Claude Skenderoff, chef du Service Systèmes, qu'il a créé en 1971, ce service est divisé en deux :

- le Service SS1, dirigé par Maurice Dumas, consacre ses activités, telles que définies depuis 1972, au domaine des télécommunications par satellites, à des fins civiles ou militaires, y compris la distribution et la diffusion de télévision ;

- le Service SS2, dirigé par Jean-Claude Héraud, consacre les siennes aux moyens d'observation de la Terre à partir de satellites à des fins civiles ou militaires : passifs ou actifs, optiques ou radioélectriques, ainsi qu'aux moyens de traitement de l'information et de sa transmission vers le sol.
 

L'organisation et les responsabilités du Département DSP resteront telles quelles jusqu'à fin 1977, date à laquelle André Lepeigneux sera remplacé par Christian Loeffler à la tête de la Division DFH.

Avant que soit évoquée cette nouvelle période, il convient de préciser le contexte dans lequel le Département va vivre quelques années particulièrement difficiles.

La «traversée du désert»

À partir de la fin des programmes Symphonie et Intelsat IV, il devient de plus en plus difficile de maintenir une charge de travail suffisante pour le Département DSP. Le programme GEOS, la participation aux répéteurs du satellite OTS et le programme Spacelab, qui démarre très lentement, ne permettent pas d'alimenter un effectif de trois cents personnes.

Un certain nombre d'affaires manquées participent à l'aggravation du phénomène. La perte du programme OTS par le consortium STAR prive le Service ES d'une maîtrise d'oeuvre du sous-système TM-TC pour ce satellite.

La «punition» infligée par Hughes à cause de la participation de la Compagnie à la proposition de Lockheed pour Intelsat V diminue considérablement la participation du Département DSP au programme Intelsat IVA. Cette participation se réduit en 1975 à la fabrication sur plans des émetteurs, récepteurs et antennes de TM-TC pour le cinquième et le sixième modèles de vol.

Le programme Intelsat V est attribué en 1976 à Ford Aerospace, le seul parmi quatre concurrents qui a refusé une participation de Thomson-CSF à son offre, estimant que la participation de l'Aérospatiale constitue une part française suffisante.

L'arrêt par le CNES du programme Dialogue à la fin de 1975 au profit du financement du lanceur Ariane ne pourra être compensé par une participation de DSP à l'électronique du lanceur. Les règles de répartition géographique de l'ESA font que l'industrie française, qui a une très grosse part dans l'architecture industrielle, les structures et la propulsion, ne peut prétendre ajouter à cette part des matériels électroniques que DSP serait en mesure de fournir. Il ne faudra plus compter sur aucun programme de satellite du CNES avant plusieurs années.

Le programme Aerosat est perdu par le consortium STAR et finalement annulé. À l'exception du programme ISEE B de l'ESA, gagné fin 1974, aucune perspective à court terme ne permet d'envisager une amélioration de la situation. Il faut donc à la fois réduire les effectifs et rechercher des affaires hors d'Europe.

La réduction des effectifs peut se faire dans d'assez bonnes conditions. Le centre de Bagneux est en forte expansion, et une grande proportion du personnel de DSP en est originaire. Il est donc relativement facile de reclasser les «victimes» de la compression d'effectifs dans leur centre d'origine. Quant à la recherche des affaires hors d'Europe, les contrats noués avec la société américaine TRW au moment de l'appel d'offres d'Intelsat V, ainsi que l'avance technique acquise par DSP, soutenu par la Division DFH, dans le domaine des répéteurs de télécommunications en bande Ku, amènent TRW à consulter DSP pour la fourniture de soixante répéteurs en bande Ku pour les satellites TDRSS construits pour la NASA.

L'avance technique prise à l'époque par Thomson-CSF en bande Ku, grâce à des études soutenues par l'ESRO, permet de présenter une proposition très compétitive par rapport à celles des concurrents américains. Le gain de ce contrat, le premier dans une compétition transatlantique, apporte un sérieux «ballon d'oxygène» pour assurer une charge de travail en 1978, 1979 et 1980 au Service HY et à la Fabrication.

Le programme MAROTS de l'ESA, démarré en novembre 1974, a donné l'espoir de fournir quelques récepteurs en bande Ku. Malheureusement, ce programme ne peut être mené à son terme car l'ESA, pour des raisons de compatibilité avec les satellites américains MARISAT, décide d'abandonner la bande Ku au profit de la bande C, et c'est à partir de 1977 que DSP pourra à nouveau travailler sur une fourniture de récepteurs en bande C.

Il faut néanmoins préparer l'avenir dans le domaine des satellites de télécommunications. Après de longues négociations avec AEG-Telefunken, devenu plus tard ANT, sur un projet d'étude et de développement d'une charge utile en bande C, la CUFA (Charge Utile Franco-Allemande), qui finalement n'aboutissent pas, les études prévues du côté français sont effectuées dans le cadre d'un programme d'aide au développement. C'est à cette occasion qu'est développée la technologie des filtres hyperfréquences en fibres de carbone (bande C) sans laquelle les satellites Telecom 1 n'auraient pu satisfaire aux conditions imposées pour leur masse. C'est également le point de départ des études sur les antennes multisources qui sont à l'origine du renouveau du Service Antennes.

Il faudra attendre le milieu de l'année 1979 pour que se matérialisent les espoirs entrevus depuis 1978 : le programme Symphonie doit enfin avoir un successeur. Un nouveau programme national de satellite de télécommunications doit voir le jour : Telecom 1.

La nouvelle Direction de DFH

Au 1er janvier 1978, André Lepeigneux, qui a pris la direction de la Division DFH en 1975, est promu au poste de Directeur des Opérations Internationales, au siège de Thomson-CSF, et remplacé à DFH par Christian Loeffler. Ce dernier est immédiatement frappé par la mauvaise situation financière de DSP. Les chiffres d'affaires ont rapidement diminué, et les réductions d'effectifs auxquelles il a été procédé depuis 1976 n'ont pas suffi à rétablir les résultats d'exploitation devenus négatifs à partir de l'exercice 1976, comme le montre le tableau suivant.
 
 
Année
Chiffre d'affaires (MF)
Résultats d'exploitation (MF)
Effectifs au 31 décembre
1975
58,3
+ 2,8
264
1976
46,3
- 1,5
251
1977
25,5
- 11,8
224
1978
36,9
- 9,5
205

Après mûre réflexion, Jacques Chaumeron et Guy Leconte ont conclu que pour conserver le minimum indispensable de compétences permettant au Département de repartir avec un minimum de chances de succès lorsque le marché accessible offrira de meilleures perspectives, l'effectif du Département ne doit pas descendre au-dessous de deux cents personnes.

L'expérience des charges «en dents de scie», caractéristique des activités spatiales à l'époque, a déjà montré qu'il est prudent de «lisser» dans une certaine mesure les courbes d'effectifs.

À l'exception de quelques études, rien, dans l'immédiat, n'est à espérer du CNES qui prépare le programme SPOT où une activité industrielle notable n'est pas attendue avant 1980.

Les activités de l'ESA dans le domaine des satellites scientifiques restent à peu près stables et les équipements de télémesure et télécommande apportent une charge qui, bien que loin d'être négligeable, puisqu'elle représente en 1978 80 % du chiffre d'affaires, ne suffit pas à alimenter DSP. Par contre, le domaine des télécommunications par satellites ne peut que se développer, l'inconnue résidant dans le début et le rythme de ce développement. Si Thomson-CSF veut rester dans le domaine des satellites, pendant combien de temps faudra-t-il continuer de financer un régime de survie ? En 1976, un important effort d'autofinancement (CUFA) a été entrepris dans le domaine des matériels de télécommunications auxquels l'administration des PTT ne semble pas encore s'intéresser.

En 1978, les perspectives d'un satellite français de télécommunications, financé par les PTT, commencent à se dessiner, mais sans aucune certitude sur la date de démarrage de sa réalisation. Pendant toute l'année 1978, des interrogations naissent à différents niveaux de la hiérarchie sur l'opportunité ou non de conserver un Département Espace-Satellites.

À une extrémité de la gamme se trouvent ceux qui souhaitent se débarrasser d'une activité non rentable. À l'autre extrémité, beaucoup pensent que le marché des satellites doit un jour redevenir rentable et qu'il faut donc patienter, tout en limitant, autant que possible, les dégâts de toutes natures, du déficit financier à la perte de compétences.

C'est au début de 1979 qu'une décision du Président Jean-Pierre Bouyssonnie met fin à la polémique, ou tout au moins à son aspect officiel : l'espace est un domaine d'avenir et il faut, en attendant des jours meilleurs, conserver la compétence du Département DSP et de sa Direction.

La mise en application de ces directives par la Direction de la Division Faisceaux Hertziens ne revient pas en arrière sur la pratique mise en oeuvre en 1978 et qui consiste, tout en maintenant les apparences d'un Département DSP autonome, à lui retirer un certain nombre de responsabilités en faisant «coiffer» ses différents services par les titulaires de fonctions existantes ou créées spécialement à cet effet au niveau de la Division.

Dès le courant de 1978, il a été envisagé d'intégrer le Service Fabrication et le Bureau de Dessin de DSP au sein des services de production de DFH. Après une enquête approfondie, le Directeur de la Fabrication de DFH a conclu que les particularités de la fabrication spatiale sont telles que cette opération n'est pas souhaitable.

La fonction Achats de DSP est reprise par le Service Achats de DFH mais il faut bien, malgré tout, maintenir à DSP un échelon spécialisé dans l'approvisionnement des composants haute fiabilité, spécifiques des matériels de satellites.

En décembre 1978, la responsabilité des systèmes utilisant des satellites, alors attribuée à DSP, est transférée, au niveau de DFH, à la DEPA (Direction de l'Exploitation, des Projets et des Affaires) chargée jusque-là de l'ingénierie et des chantiers d'installation des faisceaux hertziens et des stations terriennes de télécommunications. La responsabilité de DSP se trouve réduite à celle du «segment spatial ou charge utile» embarqué à bord des satellites.

La première conséquence de cette décision est une diminution importante de la charge de travail du Service Systèmes SS1, qui perd la responsabilité d'un contrat d'étude qu'il a gagné auprès du CELAR concernant la faisabilité d'un système militaire de télécommunications utilisant Telecom 1.

De même, les diverses études entreprises respectivement pour Matra et pour l'Aérospatiale en vue de la réalisation de SAMRO, futur satellite militaire de reconnaissance optique, sont transférées à la DEPA, le Département DSP ne devant plus être que sous-traitant de quelques portions de ces études. Heureusement, les services techniques de DSP bénéficient de quelques «ballons d'oxygène» sous forme de sous-traitances passées par d'autres Divisions, AVS et DRS (Division Radars de Surface implantée à Bagneux).

Cet étalement des responsabilités rend nécessaire la création d'une coordination dont est chargé Michel Lasalle, Directeur de la DPPS (Direction des Programmes et Produits Spatiaux), nouveau nom du Bureau des Activités Spatiales, transféré au siège à la Division DFH en mai 1978.

Le pilotage commercial des affaires ci-dessus est assuré par la Direction Commerciale de la Division, le Service Commercial du Département DSP étant réduit à la gestion au jour le jour de la part des contrats qui lui est attribuée. En fait, l'élaboration de la politique industrielle et commerciale dans le domaine spatial échappe complètement au Département qui en est théoriquement chargé.

Lorsque arrive le programme Telecom 1, de nouveaux problèmes se posent. Conformément à ses habitudes, l'administration des PTT s'est chargée elle-même de définir le système et d'établir les cahiers des charges de ses différentes composantes, en liaison avec le CNES, pour la station de contrôle et le satellite.

Des marchés séparés sont ensuite passés pour les différents éléments du système. Le marché du satellite est confié à Matra, Thomson-CSF étant sous-traitant désigné pour la charge utile. La réalisation des stations terriennes est confiée à Telspace.

Le 1er août 1979, la Direction de DFH nomme un Directeur du programme Telecom 1 chargé, au niveau de la Division DFH, de «diriger le groupe de projet multidisciplinaire constitué par les ingénieurs de DFH/DSP et des autres unités de Thomson-CSF en vue de mener à bonne fin le programme Telecom 1 dans les délais impartis».

Ce poste est attribué à Jean-Louis de Montlivault qui bénéficie de pouvoirs très étendus quant à l'exclusivité des relations avec les administrations et organismes clients ainsi que les partenaires français et étrangers. En fait, le «groupe de projet multidisciplinaire» n'existera jamais réellement. Comme dans tout programme de satellite, un groupe de projet dédié à la charge utile de Telecom 1 est mis en place à DSP avec un chef de projet affecté exclusivement à cette affaire. Ce poste est occupé en premier lieu par Maurice Dumas, puis par Philippe Blanchet à partir du 15 novembre 1979. C'est grâce aux efforts personnels de ce dernier et à ceux de Jean-Louis de Montlivault qu'un modus vivendi pourra s'établir et aboutir à une bonne gestion de l'affaire dans une situation qui, au départ, risquait sérieusement de devenir conflictuelle.

Le redémarrage


À partir de 1979, l'horizon du Département DSP semble s'éclaircir, du moins en ce qui concerne les prises de commandes. Le programme Telecom 1, dont la phase de réalisation a été décidée en février 1979, démarre par sa phase B à partir du 2 avril. DSP est en bonne place dans les études de faisabilité de H.Sat, satellite de diffusion de télévision envisagé par l'ESA. Une maquette «en bois» de la future charge utile est exposée au Salon du Bourget en juin 1979.

Le Service SS2 gagne régulièrement les marchés d'études préliminaires au programme de satellite d'observation par radar ERS de l'ESA. Ces études sont effectuées avec la précieuse collaboration de la Division AVS. Le programme ISPM (futur Ulysses) est gagné par le consortium STAR en 1979.

L'étude autofinancée du premier transpondeur cohérent en bande S, pour la télécommande, la télémesure et la localisation, obtenue de haute lutte en raison des réticences de la Direction de DFH, est bien avancée. C'est le début d'une longue lignée de matériels destinés à maintenir la suprématie de Thomson-CSF en Europe dans ce domaine.

L'effort financier entrepris en 1976 (18 millions de francs étalés sur trois ans) pour des développements de récepteurs en bande C et de filtres en fibres de carbone touche à sa fin. Ces efforts d'autofinancement correspondent à la plus grande partie des pertes enregistrées de 1977 à 1979.

Le programme Spacelab continue de se dérouler très lentement. La lenteur des prises de décision des organismes clients (ERNO, ESA et NASA) sur quelques points de base tels que le choix des matériaux et le choix des composants n'est pas sans causer des retards dans les différents travaux, avec comme conséquences inévitables des dépassements financiers.

Le programme TDRSS se termine fin 1980 avec les livraisons des derniers récepteurs commandés et l'attribution à DSP, par le client TRW, en 1981, du label de meilleur fournisseur de l'année 1980. Les délais et les performances demandés ont été tenus, ainsi d'ailleurs que les prévisions de coûts du devis initial.

Jusqu'à la fin de 1981, date de la fin de son rattachement à la Division DFH, le Département DSP «engrange» de nouveaux marchés importants, en particulier les charges utiles des satellites de diffusion de télévision TV-Sat et TDF 1 réalisées en coopération avec la société allemande ANT (ex-AEG-Telefunken) sur lesquelles le travail commence en 1980.

La Direction du Département reste confiée à Jacques Chaumeron qui exerce ces fonctions depuis l'origine, en 1970. Son adjoint, Guy Leconte, est appelé à de nouvelles fonctions au sein de la Division DFH au 1er juin 1981. Il est remplacé par Philippe Blanchet, précédemment chef de projet de la charge utile de Telecom 1. Ce dernier conserve provisoirement ce poste où il est assisté par Bruno Blachier qui le remplacera le 1er octobre 1981.

Également en juin 1981, Pierre Gautier, chef du Service Commercial d'ESA puis de DSP depuis 1971, fait valoir ses droits à la retraite. Son poste est repris par Alain Roger, qui revient d'un long séjour en Australie où il a été délégué par la Direction des Opérations Internationales de Thomson-CSF.

Les activités Équipements et Systèmes sont à la même époque délimitées par de nouvelles fonctions. Jusqu'alors, les activités Systèmes (services SS1 et SS2) ont dépendu directement du Directeur du Département, et les activités Équipements (services techniques et de fabrication) de son adjoint Guy Leconte. À partir de juin 1981, les chefs des services Systèmes sont placés sous l'autorité du nouvel adjoint Philippe Blanchet, et les chefs des services techniques et de fabrication sous celle de Pierre de Bayser.

C'est en octobre 1979 qu'à la suite du départ de Marcel Palazo, chef du Service HY, pour de nouvelles fonctions à la Direction Technique de la Division DFH, Pierre de Bayser, venant de la Division DFH, a rejoint le Département DSP pour y prendre, en premier lieu, les postes de chef du Service HY et d'adjoint au chef des services techniques et industriels, Guy Leconte. En octobre 1981, Pierre Fraise, jusqu'alors adjoint, remplace Pierre de Bayser à la tête du Service HY.

L'activité Antennes, très faible après la fin du programme Symphonie, connaît un renouveau et une rapide expansion avec l'arrivée du programme Telecom 1. Au 1er octobre 1979, la section Antennes, dirigée par Bruno Vidal Saint-André au sein du Service HY, devient un service technique à part entière. Plus tard, en octobre 1980, deux adjoints de Bruno Vidal Saint-André se voient confier des responsabilités particulières : Maurice Rousselet est chargé de superviser la définition, la gestion et l'utilisation des moyens de mesure, tandis que Pierre Neyret prend en charge les tâches concernant les propositions et le soutien aux services Systèmes et aux groupes de projet.

Le Service ES n'est pas exempt de quelques modifications. Dans la perspective du départ vers Toulouse qui commence à se dessiner, Roland Gosmand, chef du Service ES, a décidé, pour des raisons personnelles, de rester en région parisienne. Détaché provisoirement à la Division Travaux Extérieurs, il n'est pas remplacé ès qualités. L'expansion en cours justifie, en octobre 1981, la division du Service ES selon deux disciplines nettement différenciées :

- un Service Électronique Numérique (EN) est créé et confié à Michel Hayard qui a jusque-là été chargé des études de décodeurs de télécommande ainsi que des équipements de visualisation et de traitement associé pour Spacelab ;

- un Service Télémesure-Télécommande-Localisation (TC) confié à Jacques d'Hollander, récemment entré à la Compagnie, en provenance de LCT.
 
 

Enfin, en 1980, Alfred Enaudeau, chef du Service du Personnel, part en retraite. Il est remplacé par Christian Bonneau qui assure ces fonctions jusqu'en 1982.

La situation financière du Département reste difficile jusqu'en 1980. À partir de 1979, il n'est plus question de comprimer les effectifs. Il faut au contraire les augmenter assez rapidement pour pouvoir assurer les facturations à venir aux dates prévues. Il y a quelques retards dans les échéances, car les autorisations d'embauches ne sont données qu'avec réticence par la Direction de la Division, alors qu'il aurait fallu anticiper pour tenir compte du temps nécessaire à la formation des nouveaux venus, particulièrement dans le domaine de la fabrication. L'année 1980 est donc encore mauvaise et ce n'est qu'en 1981 que le résultat redevient positif.

L'augmentation des effectifs pose rapidement des problèmes de locaux. À Meudon, on peut accueillir au maximum trois cents personnes. Des locaux supplémentaires sont recherchés dans la zone de Vélizy. Un étage puis deux sont loués dans un bâtiment appartenant à la société Texas Instruments pour y loger d'abord le Groupe de projet Telecom 1 et le Service Commercial puis, plus tard, le Groupe de projet TV-Sat-TDF 1. Certains services administratifs sont installés à La Boursidière, au Plessis-Robinson.

Il est envisagé, puis décidé après de nombreuses discussions, de faire l'intégration de la charge utile de Telecom 1 aux Mureaux, dans une salle appartenant à l'Aérospatiale, où a eu lieu l'intégration de Symphonie.

Il faut, dans le domaine des surfaces industrielles, utiliser des expédients momentanés en attendant le départ pour Toulouse, qui sera décrit dans un chapitre séparé. La réalisation de certains bancs de tests est assurée dans un autre local loué sur la zone de Vélizy. Le tableau ci-après donne les statistiques des quatre dernières années d'existence du Département DSP au sein de la Division DFH.
 

Année
Chiffre d'affaires (MF)
Résultats d'exploitation (MF)
Effectifs au 31 décembre
1978
36,9
- 9,5
205
1979
34,8
- 9,0
252
1980
108,6
- 7,5
395
1981
242,0
+ 15,5
539

La traversée du désert est terminée ! Le Département a réussi à survivre et sa Direction a pu maintenir un cap relativement constant, malgré le passage dans deux Divisions, sous l'autorité de quatre Directeurs de Division successifs, dont certaines des idées sur l'avenir du spatial sont apparues comme quelque peu contradictoires. Une autre Direction va pouvoir reprendre le flambeau.
 

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