3 - Les unités spécialisées dans
l'Espace
3.1 - Le Département Espace-Satellites (ESA puis
DSP)
Le décès accidentel d'Alexandre Boudigues, Directeur
de la Division AVS, aura certainement eu une grande influence sur le sort
du Département ESA. Pendant quelques semaines, Jean de Mercey, Directeur
de la Branche Équipements Électroniques de la Compagnie,
aura assuré personnellement l'intérim de la direction d'AVS
en attendant la nomination d'Alain Bougault à ce poste.
La position de ce dernier sur le rattachement du Département
ESA devient rapidement assez différente de celle d'Alexandre Boudigues.
Souhaitant concentrer l'activité de sa Division dans le domaine
de l'avionique civile et militaire, et prévoyant que d'importants
efforts seront à réaliser pour s'affirmer dans le domaine
civil, il ne voit aucun inconvénient à satisfaire les pressantes
demandes de Jacques Troude qui souhaite faire venir le domaine spatial,
et plus précisément celui des télécommunications
spatiales, au sein de la Division DFH.
Dans l'ordre de service du 12 septembre 1974, Jean-Pierre Bouyssonnie,
Directeur Général de Thomson-CSF, annonce le rattachement
du Département ESA à la Division DFH qui prend le nom de
Division Faisceaux Hertziens et Liaisons Spatiales. Le Département
reste implanté à Meudon et continue d'être dirigé
par Jacques Chaumeron, assisté de Guy Leconte.
Bien que le transfert administratif ne soit prévu que pour la
fin de l'exercice 1974, il est décidé, d'un commun accord
entre les deux Divisions, que la Direction Commerciale et la Direction
Technique de DFH doivent être immédiatement «associées
à la détermination des politiques commerciale et technique
du Département».
Il s'agit là d'une orientation nouvelle car, dans la Division
AVS, la détermination de ces politiques a été largement
laissée à l'initiative du Directeur du Département
qui a reçu, dans ce but, délégation du Directeur de
la Division AVS.
La principale motivation de cette orientation est de pouvoir coordonner
et accentuer l'action en direction de l'administration des PTT, qui apporte
un important soutien à la Division DFH sous forme de marchés
d'études dans le domaine des faisceaux hertziens, mais qui n'a encore
envisagé aucun soutien dans le domaine des télécommunications
spatiales. Jusque-là, seuls le CNES et l'ESRO ont soutenu ce domaine.
Il faut trouver un successeur au programme Symphonie.
Au 1er janvier 1975, Jacques Troude quitte la Direction de
la Division DFH où il est remplacé par André Lepeigneux
qui précise, dans une note datée du même jour :
- que le Département ESA, qui conserve le nom de Département
Espace-Satellites, sera désormais désigné par le sigle
DSP ;
- que son organisation et sa direction ne sont pas modifiées
;
- que le Bureau Spatial de DFH est dissous au 31 décembre
1974, ses membres étant affectés comme suit :
- Savely Schirmann est adjoint à Jacques Chaumeron, Directeur
de DSP, plus particulièrement dans le domaine des systèmes
de télécommunications par satellites,
- Victor Biggi, adjoint à Savely Schirmann, assure la liaison
technique avec DFH/Levallois,
- Bruno Blachier est responsable du projet de réseau Arabsat,
- Robert Hagenbucher est chargé du projet de système de
TV communautaire et doit participer à des études pour l'ESRO.
Une modification est apportée fin janvier 1975 à l'organigramme
du Département : Charles Nicolaus, chef du Service Qualité,
ayant rejoint une nouvelle affectation à Bagneux, son centre d'origine,
la responsabilité du Service Qualité est donnée à
Francis Violet qui quitte celle du Service Fabrication 1. Le laboratoire
de physique et chimie est rattaché au Service Qualité.
Les services Fabrication 1, Fabrication 2 et le Bureau de dessin sont
regroupés sous l'autorité de Jean Petrotchenko.
Dans le domaine particulier des répéteurs pour satellites
de télécommunications, le partage des tâches entre
le Département DSP et le reste de la Division DFH demeure, sous
la direction d'André Lepeigneux, tel qu'il a été défini
dans l'accord entre les Divisions AVS et DFH, cette dernière ayant
une part active dans le déroulement des études des matériels
jusqu'au stade de la maquette.
Au 1er juin 1977, à la suite du départ pour
une autre Division de Claude Skenderoff, chef du Service Systèmes,
qu'il a créé en 1971, ce service est divisé en deux
:
- le Service SS1, dirigé par Maurice Dumas, consacre ses activités,
telles que définies depuis 1972, au domaine des télécommunications
par satellites, à des fins civiles ou militaires, y compris la distribution
et la diffusion de télévision ;
- le Service SS2, dirigé par Jean-Claude Héraud, consacre
les siennes aux moyens d'observation de la Terre à partir de satellites
à des fins civiles ou militaires : passifs ou actifs, optiques ou
radioélectriques, ainsi qu'aux moyens de traitement de l'information
et de sa transmission vers le sol.
L'organisation et les responsabilités du Département DSP
resteront telles quelles jusqu'à fin 1977, date à laquelle
André Lepeigneux sera remplacé par Christian Loeffler à
la tête de la Division DFH.
Avant que soit évoquée cette nouvelle période,
il convient de préciser le contexte dans lequel le Département
va vivre quelques années particulièrement difficiles.
La «traversée du désert»
À partir de la fin des programmes Symphonie et Intelsat
IV, il devient de plus en plus difficile de maintenir une charge de
travail suffisante pour le Département DSP. Le programme GEOS,
la participation aux répéteurs du satellite OTS et
le programme Spacelab, qui démarre très lentement,
ne permettent pas d'alimenter un effectif de trois cents personnes.
Un certain nombre d'affaires manquées participent à l'aggravation
du phénomène. La perte du programme OTS par le consortium
STAR prive le Service ES d'une maîtrise d'oeuvre du sous-système
TM-TC pour ce satellite.
La «punition» infligée par Hughes à cause
de la participation de la Compagnie à la proposition de Lockheed
pour Intelsat V diminue considérablement la participation
du Département DSP au programme Intelsat IVA. Cette participation
se réduit en 1975 à la fabrication sur plans des émetteurs,
récepteurs et antennes de TM-TC pour le cinquième et le sixième
modèles de vol.
Le programme Intelsat V est attribué en 1976 à
Ford Aerospace, le seul parmi quatre concurrents qui a refusé une
participation de Thomson-CSF à son offre, estimant que la participation
de l'Aérospatiale constitue une part française suffisante.
L'arrêt par le CNES du programme Dialogue à la fin
de 1975 au profit du financement du lanceur Ariane ne pourra être
compensé par une participation de DSP à l'électronique
du lanceur. Les règles de répartition géographique
de l'ESA font que l'industrie française, qui a une très grosse
part dans l'architecture industrielle, les structures et la propulsion,
ne peut prétendre ajouter à cette part des matériels
électroniques que DSP serait en mesure de fournir. Il ne faudra
plus compter sur aucun programme de satellite du CNES avant plusieurs années.
Le programme Aerosat est perdu par le consortium STAR et finalement
annulé. À l'exception du programme ISEE B de l'ESA,
gagné fin 1974, aucune perspective à court terme ne permet
d'envisager une amélioration de la situation. Il faut donc à
la fois réduire les effectifs et rechercher des affaires hors d'Europe.
La réduction des effectifs peut se faire dans d'assez bonnes
conditions. Le centre de Bagneux est en forte expansion, et une grande
proportion du personnel de DSP en est originaire. Il est donc relativement
facile de reclasser les «victimes» de la compression d'effectifs
dans leur centre d'origine. Quant à la recherche des affaires hors
d'Europe, les contrats noués avec la société américaine
TRW au moment de l'appel d'offres d'Intelsat V, ainsi que l'avance
technique acquise par DSP, soutenu par la Division DFH, dans le domaine
des répéteurs de télécommunications en bande
Ku, amènent TRW à consulter DSP pour la fourniture de soixante
répéteurs en bande Ku pour les satellites TDRSS construits
pour la NASA.
L'avance technique prise à l'époque par Thomson-CSF en
bande Ku, grâce à des études soutenues par l'ESRO,
permet de présenter une proposition très compétitive
par rapport à celles des concurrents américains. Le gain
de ce contrat, le premier dans une compétition transatlantique,
apporte un sérieux «ballon d'oxygène» pour assurer
une charge de travail en 1978, 1979 et 1980 au Service HY et à la
Fabrication.
Le programme MAROTS de l'ESA, démarré en novembre
1974, a donné l'espoir de fournir quelques récepteurs en
bande Ku. Malheureusement, ce programme ne peut être mené
à son terme car l'ESA, pour des raisons de compatibilité
avec les satellites américains MARISAT, décide d'abandonner
la bande Ku au profit de la bande C, et c'est à partir de 1977 que
DSP pourra à nouveau travailler sur une fourniture de récepteurs
en bande C.
Il faut néanmoins préparer l'avenir dans le domaine des
satellites de télécommunications. Après de longues
négociations avec AEG-Telefunken, devenu plus tard ANT, sur un projet
d'étude et de développement d'une charge utile en bande C,
la CUFA (Charge Utile Franco-Allemande), qui finalement n'aboutissent pas,
les études prévues du côté français sont
effectuées dans le cadre d'un programme d'aide au développement.
C'est à cette occasion qu'est développée la technologie
des filtres hyperfréquences en fibres de carbone (bande C) sans
laquelle les satellites Telecom 1 n'auraient pu satisfaire aux conditions
imposées pour leur masse. C'est également le point de départ
des études sur les antennes multisources qui sont à l'origine
du renouveau du Service Antennes.
Il faudra attendre le milieu de l'année 1979 pour que se matérialisent
les espoirs entrevus depuis 1978 : le programme Symphonie doit enfin
avoir un successeur. Un nouveau programme national de satellite de télécommunications
doit voir le jour : Telecom 1.
La nouvelle Direction de DFH
Au 1er janvier 1978, André Lepeigneux, qui a pris la
direction de la Division DFH en 1975, est promu au poste de Directeur des
Opérations Internationales, au siège de Thomson-CSF, et remplacé
à DFH par Christian Loeffler. Ce dernier est immédiatement
frappé par la mauvaise situation financière de DSP. Les chiffres
d'affaires ont rapidement diminué, et les réductions d'effectifs
auxquelles il a été procédé depuis 1976 n'ont
pas suffi à rétablir les résultats d'exploitation
devenus négatifs à partir de l'exercice 1976, comme le montre
le tableau suivant.
Année
|
Chiffre d'affaires (MF)
|
Résultats d'exploitation (MF)
|
Effectifs au 31 décembre
|
1975
|
58,3
|
+ 2,8
|
264
|
1976
|
46,3
|
- 1,5
|
251
|
1977
|
25,5
|
- 11,8
|
224
|
1978
|
36,9
|
- 9,5
|
205
|
Après mûre réflexion, Jacques Chaumeron et Guy Leconte
ont conclu que pour conserver le minimum indispensable de compétences
permettant au Département de repartir avec un minimum de chances
de succès lorsque le marché accessible offrira de meilleures
perspectives, l'effectif du Département ne doit pas descendre au-dessous
de deux cents personnes.
L'expérience des charges «en dents de scie», caractéristique
des activités spatiales à l'époque, a déjà
montré qu'il est prudent de «lisser» dans une certaine
mesure les courbes d'effectifs.
À l'exception de quelques études, rien, dans l'immédiat,
n'est à espérer du CNES qui prépare le programme SPOT
où une activité industrielle notable n'est pas attendue avant
1980.
Les activités de l'ESA dans le domaine des satellites scientifiques
restent à peu près stables et les équipements de télémesure
et télécommande apportent une charge qui, bien que loin d'être
négligeable, puisqu'elle représente en 1978 80 % du chiffre
d'affaires, ne suffit pas à alimenter DSP. Par contre, le domaine
des télécommunications par satellites ne peut que se développer,
l'inconnue résidant dans le début et le rythme de ce développement.
Si Thomson-CSF veut rester dans le domaine des satellites, pendant combien
de temps faudra-t-il continuer de financer un régime de survie ?
En 1976, un important effort d'autofinancement (CUFA) a été
entrepris dans le domaine des matériels de télécommunications
auxquels l'administration des PTT ne semble pas encore s'intéresser.
En 1978, les perspectives d'un satellite français de télécommunications,
financé par les PTT, commencent à se dessiner, mais sans
aucune certitude sur la date de démarrage de sa réalisation.
Pendant toute l'année 1978, des interrogations naissent à
différents niveaux de la hiérarchie sur l'opportunité
ou non de conserver un Département Espace-Satellites.
À une extrémité de la gamme se trouvent ceux qui
souhaitent se débarrasser d'une activité non rentable. À
l'autre extrémité, beaucoup pensent que le marché
des satellites doit un jour redevenir rentable et qu'il faut donc patienter,
tout en limitant, autant que possible, les dégâts de toutes
natures, du déficit financier à la perte de compétences.
C'est au début de 1979 qu'une décision du Président
Jean-Pierre Bouyssonnie met fin à la polémique, ou tout au
moins à son aspect officiel : l'espace est un domaine d'avenir et
il faut, en attendant des jours meilleurs, conserver la compétence
du Département DSP et de sa Direction.
La mise en application de ces directives par la Direction de la Division
Faisceaux Hertziens ne revient pas en arrière sur la pratique mise
en oeuvre en 1978 et qui consiste, tout en maintenant les apparences d'un
Département DSP autonome, à lui retirer un certain nombre
de responsabilités en faisant «coiffer» ses différents
services par les titulaires de fonctions existantes ou créées
spécialement à cet effet au niveau de la Division.
Dès le courant de 1978, il a été envisagé
d'intégrer le Service Fabrication et le Bureau de Dessin de DSP
au sein des services de production de DFH. Après une enquête
approfondie, le Directeur de la Fabrication de DFH a conclu que les particularités
de la fabrication spatiale sont telles que cette opération n'est
pas souhaitable.
La fonction Achats de DSP est reprise par le Service Achats de DFH mais
il faut bien, malgré tout, maintenir à DSP un échelon
spécialisé dans l'approvisionnement des composants haute
fiabilité, spécifiques des matériels de satellites.
En décembre 1978, la responsabilité des systèmes
utilisant des satellites, alors attribuée à DSP, est transférée,
au niveau de DFH, à la DEPA (Direction de l'Exploitation, des Projets
et des Affaires) chargée jusque-là de l'ingénierie
et des chantiers d'installation des faisceaux hertziens et des stations
terriennes de télécommunications. La responsabilité
de DSP se trouve réduite à celle du «segment spatial
ou charge utile» embarqué à bord des satellites.
La première conséquence de cette décision est une
diminution importante de la charge de travail du Service Systèmes
SS1, qui perd la responsabilité d'un contrat d'étude qu'il
a gagné auprès du CELAR concernant la faisabilité
d'un système militaire de télécommunications utilisant
Telecom
1.
De même, les diverses études entreprises respectivement
pour Matra et pour l'Aérospatiale en vue de la réalisation
de SAMRO, futur satellite militaire de reconnaissance optique, sont
transférées à la DEPA, le Département DSP ne
devant plus être que sous-traitant de quelques portions de ces études.
Heureusement, les services techniques de DSP bénéficient
de quelques «ballons d'oxygène» sous forme de sous-traitances
passées par d'autres Divisions, AVS et DRS (Division Radars de Surface
implantée à Bagneux).
Cet étalement des responsabilités rend nécessaire
la création d'une coordination dont est chargé Michel Lasalle,
Directeur de la DPPS (Direction des Programmes et Produits Spatiaux), nouveau
nom du Bureau des Activités Spatiales, transféré au
siège à la Division DFH en mai 1978.
Le pilotage commercial des affaires ci-dessus est assuré par
la Direction Commerciale de la Division, le Service Commercial du Département
DSP étant réduit à la gestion au jour le jour de la
part des contrats qui lui est attribuée. En fait, l'élaboration
de la politique industrielle et commerciale dans le domaine spatial échappe
complètement au Département qui en est théoriquement
chargé.
Lorsque arrive le programme Telecom 1, de nouveaux problèmes
se posent. Conformément à ses habitudes, l'administration
des PTT s'est chargée elle-même de définir le système
et d'établir les cahiers des charges de ses différentes composantes,
en liaison avec le CNES, pour la station de contrôle et le satellite.
Des marchés séparés sont ensuite passés
pour les différents éléments du système. Le
marché du satellite est confié à Matra, Thomson-CSF
étant sous-traitant désigné pour la charge utile.
La réalisation des stations terriennes est confiée à
Telspace.
Le 1er août 1979, la Direction de DFH nomme un Directeur
du programme Telecom 1 chargé, au niveau de la Division DFH,
de «diriger le groupe de projet multidisciplinaire constitué
par les ingénieurs de DFH/DSP et des autres unités de Thomson-CSF
en vue de mener à bonne fin le programme Telecom 1 dans les délais
impartis».
Ce poste est attribué à Jean-Louis de Montlivault qui
bénéficie de pouvoirs très étendus quant à
l'exclusivité des relations avec les administrations et organismes
clients ainsi que les partenaires français et étrangers.
En fait, le «groupe de projet multidisciplinaire» n'existera
jamais réellement. Comme dans tout programme de satellite, un groupe
de projet dédié à la charge utile de Telecom 1
est mis en place à DSP avec un chef de projet affecté exclusivement
à cette affaire. Ce poste est occupé en premier lieu par
Maurice Dumas, puis par Philippe Blanchet à partir du 15 novembre
1979. C'est grâce aux efforts personnels de ce dernier et à
ceux de Jean-Louis de Montlivault qu'un modus vivendi pourra s'établir
et aboutir à une bonne gestion de l'affaire dans une situation qui,
au départ, risquait sérieusement de devenir conflictuelle.
Le redémarrage
À partir de 1979, l'horizon du Département DSP semble
s'éclaircir, du moins en ce qui concerne les prises de commandes.
Le programme Telecom 1, dont la phase de réalisation a été
décidée en février 1979, démarre par sa phase
B à partir du 2 avril. DSP est en bonne place dans les études
de faisabilité de H.Sat, satellite de diffusion de télévision
envisagé par l'ESA. Une maquette «en bois» de la future
charge utile est exposée au Salon du Bourget en juin 1979.
Le Service SS2 gagne régulièrement les marchés
d'études préliminaires au programme de satellite d'observation
par radar ERS de l'ESA. Ces études sont effectuées
avec la précieuse collaboration de la Division AVS. Le programme
ISPM
(futur Ulysses) est gagné par le consortium STAR en 1979.
L'étude autofinancée du premier transpondeur cohérent
en bande S, pour la télécommande, la télémesure
et la localisation, obtenue de haute lutte en raison des réticences
de la Direction de DFH, est bien avancée. C'est le début
d'une longue lignée de matériels destinés à
maintenir la suprématie de Thomson-CSF en Europe dans ce domaine.
L'effort financier entrepris en 1976 (18 millions de francs étalés
sur trois ans) pour des développements de récepteurs en bande
C et de filtres en fibres de carbone touche à sa fin. Ces efforts
d'autofinancement correspondent à la plus grande partie des pertes
enregistrées de 1977 à 1979.
Le programme Spacelab continue de se dérouler très
lentement. La lenteur des prises de décision des organismes clients
(ERNO, ESA et NASA) sur quelques points de base tels que le choix des matériaux
et le choix des composants n'est pas sans causer des retards dans les différents
travaux, avec comme conséquences inévitables des dépassements
financiers.
Le programme TDRSS se termine fin 1980 avec les livraisons des
derniers récepteurs commandés et l'attribution à DSP,
par le client TRW, en 1981, du label de meilleur fournisseur de l'année
1980. Les délais et les performances demandés ont été
tenus, ainsi d'ailleurs que les prévisions de coûts du devis
initial.
Jusqu'à la fin de 1981, date de la fin de son rattachement à
la Division DFH, le Département DSP «engrange» de nouveaux
marchés importants, en particulier les charges utiles des satellites
de diffusion de télévision TV-Sat et TDF 1
réalisées en coopération avec la société
allemande ANT (ex-AEG-Telefunken) sur lesquelles le travail commence en
1980.
La Direction du Département reste confiée à Jacques
Chaumeron qui exerce ces fonctions depuis l'origine, en 1970. Son adjoint,
Guy Leconte, est appelé à de nouvelles fonctions au sein
de la Division DFH au 1er juin 1981. Il est remplacé
par Philippe Blanchet, précédemment chef de projet de la
charge utile de Telecom 1. Ce dernier conserve provisoirement ce
poste où il est assisté par Bruno Blachier qui le remplacera
le 1er octobre 1981.
Également en juin 1981, Pierre Gautier, chef du Service Commercial
d'ESA puis de DSP depuis 1971, fait valoir ses droits à la retraite.
Son poste est repris par Alain Roger, qui revient d'un long séjour
en Australie où il a été délégué
par la Direction des Opérations Internationales de Thomson-CSF.
Les activités Équipements et Systèmes sont à
la même époque délimitées par de nouvelles fonctions.
Jusqu'alors, les activités Systèmes (services SS1 et SS2)
ont dépendu directement du Directeur du Département, et les
activités Équipements (services techniques et de fabrication)
de son adjoint Guy Leconte. À partir de juin 1981, les chefs des
services Systèmes sont placés sous l'autorité du nouvel
adjoint Philippe Blanchet, et les chefs des services techniques et de fabrication
sous celle de Pierre de Bayser.
C'est en octobre 1979 qu'à la suite du départ de Marcel
Palazo, chef du Service HY, pour de nouvelles fonctions à la Direction
Technique de la Division DFH, Pierre de Bayser, venant de la Division DFH,
a rejoint le Département DSP pour y prendre, en premier lieu, les
postes de chef du Service HY et d'adjoint au chef des services techniques
et industriels, Guy Leconte. En octobre 1981, Pierre Fraise, jusqu'alors
adjoint, remplace Pierre de Bayser à la tête du Service HY.
L'activité Antennes, très faible après la fin du
programme Symphonie, connaît un renouveau et une rapide expansion
avec l'arrivée du programme Telecom 1. Au 1er
octobre 1979, la section Antennes, dirigée par Bruno Vidal Saint-André
au sein du Service HY, devient un service technique à part entière.
Plus tard, en octobre 1980, deux adjoints de Bruno Vidal Saint-André
se voient confier des responsabilités particulières : Maurice
Rousselet est chargé de superviser la définition, la gestion
et l'utilisation des moyens de mesure, tandis que Pierre Neyret prend en
charge les tâches concernant les propositions et le soutien aux services
Systèmes et aux groupes de projet.
Le Service ES n'est pas exempt de quelques modifications. Dans la perspective
du départ vers Toulouse qui commence à se dessiner, Roland
Gosmand, chef du Service ES, a décidé, pour des raisons personnelles,
de rester en région parisienne. Détaché provisoirement
à la Division Travaux Extérieurs, il n'est pas remplacé
ès qualités. L'expansion en cours justifie, en octobre 1981,
la division du Service ES selon deux disciplines nettement différenciées
:
- un Service Électronique Numérique (EN) est créé
et confié à Michel Hayard qui a jusque-là été
chargé des études de décodeurs de télécommande
ainsi que des équipements de visualisation et de traitement associé
pour Spacelab ;
- un Service Télémesure-Télécommande-Localisation
(TC) confié à Jacques d'Hollander, récemment entré
à la Compagnie, en provenance de LCT.
Enfin, en 1980, Alfred Enaudeau, chef du Service du Personnel, part
en retraite. Il est remplacé par Christian Bonneau qui assure ces
fonctions jusqu'en 1982.
La situation financière du Département reste difficile
jusqu'en 1980. À partir de 1979, il n'est plus question de comprimer
les effectifs. Il faut au contraire les augmenter assez rapidement pour
pouvoir assurer les facturations à venir aux dates prévues.
Il y a quelques retards dans les échéances, car les autorisations
d'embauches ne sont données qu'avec réticence par la Direction
de la Division, alors qu'il aurait fallu anticiper pour tenir compte du
temps nécessaire à la formation des nouveaux venus, particulièrement
dans le domaine de la fabrication. L'année 1980 est donc encore
mauvaise et ce n'est qu'en 1981 que le résultat redevient positif.
L'augmentation des effectifs pose rapidement des problèmes de
locaux. À Meudon, on peut accueillir au maximum trois cents personnes.
Des locaux supplémentaires sont recherchés dans la zone de
Vélizy. Un étage puis deux sont loués dans un bâtiment
appartenant à la société Texas Instruments pour y
loger d'abord le Groupe de projet Telecom 1 et le Service Commercial
puis, plus tard, le Groupe de projet TV-Sat-TDF 1. Certains services
administratifs sont installés à La Boursidière, au
Plessis-Robinson.
Il est envisagé, puis décidé après de nombreuses
discussions, de faire l'intégration de la charge utile de Telecom
1 aux Mureaux, dans une salle appartenant à l'Aérospatiale,
où a eu lieu l'intégration de Symphonie.
Il faut, dans le domaine des surfaces industrielles, utiliser des expédients
momentanés en attendant le départ pour Toulouse, qui sera
décrit dans un chapitre séparé. La réalisation
de certains bancs de tests est assurée dans un autre local loué
sur la zone de Vélizy. Le tableau ci-après donne les statistiques
des quatre dernières années d'existence du Département
DSP au sein de la Division DFH.
Année
|
Chiffre d'affaires (MF)
|
Résultats d'exploitation (MF)
|
Effectifs au 31 décembre
|
1978
|
36,9
|
- 9,5
|
205
|
1979
|
34,8
|
- 9,0
|
252
|
1980
|
108,6
|
- 7,5
|
395
|
1981
|
242,0
|
+ 15,5
|
539
|
La traversée du désert est terminée ! Le Département
a réussi à survivre et sa Direction a pu maintenir un cap
relativement constant, malgré le passage dans deux Divisions, sous
l'autorité de quatre Directeurs de Division successifs, dont certaines
des idées sur l'avenir du spatial sont apparues comme quelque peu
contradictoires. Une autre Direction va pouvoir reprendre le flambeau.
|