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Association Amicale des Anciens d'Alcatel Space
CHRONIQUES D'UN MÉTIER de 1963 à 1993
Table | Préf | Intro | 1 | 2 | 3 | 4 | 5 | 6 | 7 | 8 | 9

2 - Les premières activités spatiales à Thomson et à CSF

2.4 - Le spatial après la création de Thomson-CSF


La fusion de CSF et du Groupe Électronique de Thomson, annoncée par un communiqué commun le 13 septembre 1967, sera réalisée en plusieurs étapes.

Le 1er novembre 1968, la majeure partie du Groupe Électronique de Thomson est constituée en filiale, la CETH (Compagnie d'Électronique Thomson-Houston). La quasi-totalité des actions de CETH est apportée, par décision du 22 novembre 1968, à la CSF qui prend alors le nom de Thomson-CSF. Dès mars 1968, Paul Richard, vice-Président de Thomson-Brandt, a été nommé Président de CSF.

Finalement, la fusion de CETH avec Thomson-CSF est approuvée le 22 décembre 1969 avec effet rétroactif au 1er janvier 1969. Les unités chargées des activités spatiales embarquées dans les deux compagnies suivent une évolution analogue. Au début des opérations de fusion, elles comprennent :

-       la Direction de l'Électronique Spatiale de CSF installée à Corbeville ;

-       la Division MRA (Matériels Radar Aéroportés) de Thomson installée à Vélizy ;

-       la Division Télécommunications (DTC) de Thomson installée à Gennevilliers.
 
 

Une note signée conjointement par Jean-Pierre Bouyssonnie, de Thomson, et André Danzin, de CSF, et datée du 16 mai 1968, confirme la responsabilité du Bureau des Activités Spatiales, dirigé par Vladimir Altovsky, d'assurer «la mise en oeuvre de la politique spatiale du nouvel ensemble électronique» et de «coordonner les activités dans tous les domaines». Le BAS est rattaché au directeur des affaires civiles et spatiales, Michel Barré. La même note confie la responsabilité des affaires concernant les satellites à la Division MRA qui devra donc, par la suite, «prendre en charge tous les marchés correspondants, qu'ils concernent la maîtrise d'oeuvre de satellites entiers, la réalisation totale ou partielle de leur électronique, y compris celle de leurs équipements d'essais».

La Division MRA reçoit d'abord les effectifs de la Direction de l'Électronique Spatiale de CSF, et c'est ainsi que les commerçants Guy Muzard et Yves Farbos, puis Willy Martini et son équipe technique, rejoignent Vélizy en 1969. Ce n'est qu'un peu plus tard, au début de 1970, que Roland Gosmand et son équipe chargée des matériels de télémesure et de télécommande quitteront Gennevilliers pour s'installer à Vélizy. En fait, les équipes de Thomson et de CSF travaillent déjà ensemble depuis plusieurs mois sur la proposition du satellite Symphonie dont l'appel d'offres a été lancé le 29 janvier 1968. Ce programme, étant donné son importance, fait l'objet d'un chapitre particulier. Nous mentionnerons simplement ici que, dès le milieu de 1967, Thomson et CSF se sont rencontrées au sein d'un groupe de travail préparatoire qui, sous l'égide de Nord Aviation, aboutira à la constitution du consortium CIFAS (Consortium Industriel Franco-Allemand pour le satellite Symphonie).

Au sein de ce groupe de travail, et comme on pouvait s'y attendre, les attitudes de Thomson et de CSF, représentées respectivement par Vladimir Altovsky et Jacques Chaumeron d'une part, et Michel Barré et Guy Plottin d'autre part, sont, au début, quelque peu «concur­ren­tielles» car il y a à l'arrivée un «gâteau» à se partager : l'électronique du satellite. Cette émulation bien compréhensible se calme naturellement en septembre 1967, après l'annonce de la fusion des deux sociétés. On voit alors la Division MRA de Thomson coopérer avec le Département Télécommunications de CSF implanté à Levallois, pour la définition des répéteurs du satellite, tandis que la Division DTC de Thomson s'intéresse aux équipements de télémesure et de télécommande.
 La Division MRA installée à Vélizy depuis juillet 1967, et qui prendra, dans le courant de 1969, le nom de MAS (Matériels Aérospatiaux) pour indiquer qu'elle ne se cantonne plus désormais dans le domaine des radars mais étend son activité à l'ensemble des matériels d'avionique et d'électronique de satellites, est alors dirigée par Louis Julien-Binard. Son effectif, réparti entre Vélizy et Bezons, centre provenant de l'absorption des Laboratoires Derveaux par l'intermédiaire de la filiale Cotelec, est d'environ neuf cent soixante-dix personnes.
 
 

Usine de Vélizy
L'usine de Vélizy en 1970.

La partie de cet effectif affectée aux activités spatiales, constituée de quelques personnes avant le démarrage des activités Symphonie et Intelsat IV, atteindra, avec le développement de ces affaires et le regroupement des services provenant d'autres unités, environ trois cents personnes à la moitié de 1970, date de la création du Département Espace-Satellites, chargé exclusivement des activités liées aux satellites.

Parmi les responsables qui contribuent, à cette époque, au développement des activités spatiales à Vélizy, on doit citer Roger Pagazani, Directeur Technique, Henri Familier, adjoint direct de Louis Julien-Binard et chargé spécifiquement de la supervision de ces activités spatiales, Louis Bonaria qui supervise l'aspect technique de ces activités, Francis Violet, qui en supervise l'aspect fabrication, et enfin Marcel Putz dont la principale tâche est d'écrire le premier manuel de qualité, travail qu'il effectue dans la solitude et avec peu de moyens pour le mettre en pratique. Ce premier manuel sort en février 1970. C'est pendant cette période, que l'on pourrait qualifier de «mise en pression», que sont réalisés les premiers investissements importants relatifs à l'espace.

Dans l'usine neuve de Vélizy, outre les moyens d'essais mécaniques utilisés surtout pour l'avionique et un peu pour l'espace, Louis Julien-Binard fait aménager, pour le montage-câblage des équipements spatiaux, une salle blanche de classe 100 000 et une salle dite «grise» de qualité un peu inférieure et utilisée pour l'ensemble des autres fabrications exigeant quelques précautions de propreté.

Les plus anciens se souviennent de la «cérémonie» d'entrée en salle blanche, où le passage par un sas dans lequel on subissait une violente «douche d'air» s'ajoutait à la classique utilisation des blouses, bonnets et autres pantoufles.

Les principaux programmes de cette période sont Intelsat IV, qui permettra aux équipes qui y participeront de faire un véritable apprentissage de la technologie et des méthodes de travail du domaine spatial, Eole, qui donnera lieu à quelques difficultés dans les relations avec le CNES, HEOS, programme sans histoire qui sera un réel succès et pour lequel l'équipe de Roland Gosmand s'initiera aux responsabilités d'un maître d'oeuvre de sous-système, et enfin Symphonie, qui en est à son début et qui  se poursuivra jusqu'en 1974.

La Direction de MAS ressent déjà la nécessité, pour de multiples raisons, de séparer les activités spatiales des autres activités d'avionique. Dans le but d'initier cette opération, Jean-Paul Guinard, ingénieur au CNES, est embauché le 1er mars 1970.

À peine a-t-il commencé à se familiariser avec la société que survient la décision de fusionner la Division MAS (ex-Thomson) avec la Division MAV (ex-CSF), ce qui conduit à une complète réorganisation et à la création d'un département entièrement responsable du domaine des satellites. C'est ce département qui, créé le 1er juillet 1970, donnera naissance, douze ans plus tard, à la Division Espace et, quatorze ans plus tard, à une société nommée Alcatel Espace.

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