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Association Amicale des Anciens d'Alcatel Space
CHRONIQUES D'UN MÉTIER de 1963 à 1993
Table | Préf | Intro | 1 | 2 | 3 | 4 | 5 | 6 | 7 | 8 | 9

2 - Les premières activités spatiales à Thomson et à CSF

2.3 - Les débuts des activités spatiales à CSF


Au début des années soixante, le Département de Physique Appliquée (DPA) de CSF fait des études dans un certain nombre de disciplines pouvant avoir des applications dans le domaine spatial.

Un article publié dans le numéro 21 de CSF Revue, daté du troisième trimestre 1962, donne des détails sur les domaines concernés qui sont : 

- les plasmas ;

- les lasers ;

- un satellite base de temps ;

- les ondes millimétriques ;

- la stabilisation électronique des satellites (précurseur des antennes contrarotatives) ;

- l'interférométrie ;

- la conversion thermoionique ;

- la propulsion électrique.
 
 

Dans ce même numéro de CSF Revue est annoncée la création, dans le cadre du Département de Physique Appliquée, d'un Groupement d'Études Spatiales (GES) avec, pour Directeur, Jean-Claude Simon, assisté d'Edmond Weygand. Le rôle de ce Groupement est de centraliser tous les problèmes relatifs à l'espace, c'est-à-dire aux satellites et à leur  exploitation. Il n'a pas de services de production ; par contre, il peut faire fabriquer les matériels dans l'usine de CSF qui lui paraît la mieux adaptée aux buts qu'il poursuit.

C'est de ce Groupement que font partie, à ses débuts, Michel Bellenger, Jacques Dupraz, Serge Landesmann et Guy Plottin.

L'une des premières études réalisées par le GES pour le compte du CNES est celle de la faisabilité d'une mission terre-lune.

En 1962, à la suite d'un accord avec la société américaine General Dynamics, une filiale commune est créée, la SESTRO, dont le Président est Guy Muzard, et le Directeur Technique Guy Plottin.

Cette société, plutôt orientée vers les disciplines relatives aux lanceurs et à la trajectographie, étudiera et réalisera, entre autres, au cours des années 1963 et 1964, le système de sauvegarde du champ de tir des Landes.

En 1963 ont lieu les premières compétitions pour les matériels d'infrastructure du CNES : les stations de localisation des satellites et les stations de télémesure et de télécommande.

Anticipant sur les besoins à venir, Jean-Claude Simon a, bien avant l'annonce de l'appel d'offres du CNES, lancé l'étude d'un interféromètre dont les applications peuvent s'étendre de la trajectographie des fusées en général (missiles et lanceurs) à celle des satellites. Au moment de la sortie de l'appel d'offres, une maquette fonctionne déjà sur la base de Nançay.

Malheureusement, comme il a été indiqué dans le chapitre consacré à Thomson, après une sévère compétition, l'affaire est perdue par CSF.
 
 

Quelques grands anciens assistent à une cérémonie à Alcatel Espace en 1986. On reconnaît au premier rang, de gauche à droite : Yves Farbos (Service Commercial à Corbeville puis à Meudon), Guy Plottin (dernier Directeur des Études Spatiales à CSF), Louis Julien-Binard (Directeur des Divisions successives MRA et MAS de 1967 à 1970), Claude Roche (chef du Service Marketing à Alcatel Espace), Jean-Claude Husson (futur P-DG d'Alcatel Espace) et Hubert Curien (ancien Président du CNES et ancien ministre de la Recherche).

Mais il en sera autrement pour l'appel d'offres numéro deux du CNES qui porte sur les stations d'émission de télécommande et de réception de télémesures. Cette fois, c'est CSF qui gagne contre Thomson le marché des stations Iris, pour un montant qui représente une charge industrielle largement supérieure à celle du marché des stations d'interférométrie Diane que Thomson a gagné. La founiture porte sur six stations, dont deux mobiles et quatre fixes, qui sont installées initialement au Liban, à Brétigny, Pretoria, Ouagadougou, Brazzaville et Hammaguir. La maîtrise d'oeuvre pour l'exécution du marché est assurée par le GES qui sous-traite la réalisation des matériels au Département Aéronautique dirigé par Antonin Gayffier, ce département faisant partie du Groupement civil professionnel dirigé par Michel Barré. Le chef de projet est Pierre Dautremont, et les travaux sont effectués dans l'usine de Sartrouville.

C'est à partir de l'année 1964 que CSF entre réellement dans le domaine des matériels embarqués à bord de satellites en gagnant deux contrats succcessifs. Le premier concerne un oscillateur ultrastable qui est installé à bord de FRI, premier satellite du CNES mis en orbite le 6 décembre 1965 par une fusée américaine Scout. Le second, qui marque le départ d'une longue lignée de matériels, porte sur la fourniture de l'émetteur de télémesures en VHF du satellite D1A, premier de la série Diamant, lancé le 17 février 1966, et de son oscillateur local.

FR 1L'oscillateur ultrastable de FRI est réalisé par une filiale de CSF, la CEPE (Compagnie Européenne de Piezo-Électricité), spécialisée dans ce domaine, avec la participation du GES.

L'émetteur de télémesures et l'oscillateur local de D1A qui sont suivis de ceux de D1C (08-02-1967) et D1D (15-02-1967) sont réalisés au GES à Corbeville, par Willy Martini et son équipe, dont ce sont les débuts dans le domaine des matériels spatiaux embarqués.

Pendant ce temps, l'organisation évolue. Appelé au sein de l'état-major du Président Maurice Ponte, Jean-Claude Simon quitte la Direction du DPA où il est remplacé en 1965 par Georges Broussaud. Le GES devient la DES (Direction des Études Spatiales) et Edmond Weygand en prend la direction. Il sera remplacé en 1966 par Guy Plottin au moment où la DES, qui aura évolué vers une activité industrielle, sera rattachée au Groupement civil professionnel, toujours dirigé par Michel Barré. C'est vers cette période que CSF commencera à s'intéresser à un avant-projet de satellite français de télécommunications, en collaboration avec Nord-Aviation en premier lieu. Sud-Aviation et SAT rejoindront l'équipe par la suite.

Le concurrent Thomson, qui s'intéresse également au projet, n'y est évidemment pas le bienvenu. Lorsqu'en 1967 le projet devient franco-allemand, des liens étroits sont noués entre CSF et Siemens qui s'est allié du côté allemand avec AEG-Telefunken.

C'est le CNES qui prend la décision d'imposer, dans les réponses à l'appel d'offres pour le satellite Symphonie, la séparation, dans des consortiums concurrents, des électroniciens français et allemands.

Finalement, comme il sera exposé dans le chapitre consacré à Symphonie, la fusion de Thomson et CSF aboutit à l'admission de la nouvelle société Thomson-CSF dans le groupe de Nord-Aviation qui prendra le nom de CIFAS.

À la suite de la décision de fusion entre Thomson et CSF, décrite plus loin, et en particulier d'une note datée du 16 mai 1968 et signée conjointement par André Danzin de CSF et Jean-Pierre Bouyssonnie de Thomson, les équipes de la Direction des Études Spatiales sont rattachées à la Division MRA de la nouvelle société. Elles rejoindront progressivement l'usine de Vélizy d'où une partie sera détachée au groupe de projet Symphonie installé dans l'établissement des Mureaux de Nord-Aviation.

Au moment du transfert à Vélizy, l'équipe de Willy Martini a gagné le marché correspondant à l'appel d'offres 2020 du CNES pour la fourniture, dans le programme Eole, des matériels d'émission-réception UHF embarqués à bord du satellite, et destinés à assurer les liaisons avec les ballons utilisés pour étudier le régime des vents dans l'hémisphère sud. Elle a également entamé, pour le CNES, l'étude des émetteurs-récepteurs chargés, à bord des ballons, d'assurer la liaison avec le satellite. La quasi-totalité de ce programme se déroulera à Vélizy.

La même équipe a étudié puis entrepris la fabrication de récepteurs destinés à équiper les lanceurs Europa, ou éventuellement d'autres lanceurs, afin de recevoir si nécessaire un signal d'autodestruction du lanceur en cas de déviation anormale de la trajectoire prévue. La fabrication de ces récepteurs baptisés RTG (Récepteurs de Télécommande Guyane) sera poursuivie à Vélizy.

Enfin, au début de l'année 1968, CSF a participé à la proposition de la société Lockheed pour les satellites Intelsat IV, les liens entre CSF et Lockheed ayant été établis avant la fusion avec Thomson.
 

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